Première mission sous licence

L'examen des petites piépèces est enfin terminé pour nos chers apprentis espions, un final des plus difficiles en raison de l'intervention du Dogra Magra qui a poussé le valeureux Eight face à un choix cornélien entre la réussite de l'examen et le sauvetage de l'un de ses compagnons...

Heureusement, tout est bien qui finit bien puisque l'équipe se verra sauver la mise par les autres groupes qui récompenseront le sens de la justice du jeune héros, évitant de justesse le renvoi définitif du lycée.

Mais notre trio n'a pas le temps de se reposer puisque voila que les enseignants décident d'octroyer une licence d'espion provisoire aux élèves méritants, leur permettant de réaliser eux-mêmes des missions en toute autonomie. Et contre toute attente (non...) Eight et ses amis font parties de ces nouveaux licenciés. Les voilà engagés pour une mission risqué dont l'objectif est le sauvetage d'une jeune génie de la science dans un laboratoire d'armes.

 Shun Matsuena signe et persiste dans l'irrégularité de son intrigue qui accumule à la fois les grosses ficelles et l'absence d'un réel fil conducteur. Décousu, voilà le terme qui pourrait résumer ce tome 10. Après avoir fait miroiter en deux tomes un examen shonen décisif, voilà que nos apprentis espions qui étaient considérés comme l'équipe la plus faible se voient octroyés sans explications une licence d'agent. Même si c'est "provisoire", ils sont donc lancés dans des premières missions en toute autonomie. L'intrigue enchaine donc avec une mission de sauvetage où l'art du déguisement est mise à l'épreuve. Une discrétion toute relative puisque la mission s'achève avec éclat à coups de tie-blade. Sans transition, ils enchainent avec une mission pour le compte de Lapin, le ridicule enseignant masqué et se retrouvent plongés dans une course-poursuite face à un énième bad guy stylé mais ô combien éphémère. 

C'est sans passion aucune que les aventures du jeune 008 défilent devant nos yeux. L'intrigue est toujours aussi échevelée et décousue et continue d'enchainer des arcs inintéressants avec une quasi-absence d'enjeux. Le manga n'est en que plus lisse et frustrant. Nous en sommes au dixième tome, un volume important pour une série de manga quand même , et il est impressionnant de constater à quel point 008 apprenti espion continue à faire du surplace, peu important ses séquences d'actions ( de moins en moins marquantes) et son petit côté sexy et racoleur. La série donne l'impression de n'avoir rien à raconter, à commencer par sa menace latente, le Dogra Magra, une organisation qui est sous-exploitée et qui se contente de venir dire bonjour durant quelques missions. Nous avons l'impression d'avoir affaire à une Team Rocket cosplayé en mode SM dont les apparitions finissent par devenir des plus rébarbatives. On retient à peine son bâillement et même le dessin toujours aussi alerte de Matsuena ne réserve plus de surprises. 

Allez, on tente d'y croire encore, le teaser du prochain tome laisse deviner la présence d'un sérieux traitre dans l'académie  mais face au traitement aussi lisse de l'antagoniste principal, on ne peut qu'émettre un bref Ok... sans conviction. 

On regrettera aussi le traitement toujours aussi abrupte des personnages secondaires. C'était le cas de la jeune et jolie agente des Dogra Magra fan de chat qu'on retrouvera sans doute dans cinq tomes (histoire de faire coucou). C'est aussi le cas dans ce tome 10 qui nous présente une doctorante de 11 ans, une petite polonaise au génie précoce qui ne demeurera qu'un simple souvenir de plus alors qu'il y avait matière à creuser l'impact de ces personnages dans l'intrigue. Ce traitement est d'autant plus faible que nous avons fini par faire le tour de notre trio de tête. Eight Akashi, Kido et Nohara n'ont plus grand chose à raconter alors que leur formation est loin d'être finie. On reporte donc notre attention ( en vain) sur les enseignants et les autres apprentis qui gravitent autour d'eux mais Shun Matsuena n'en fait qu'à sa tête et nous recycle toujours dans chaque tome la bravoure candide d'Eight, la plastique vaillante de Kido et les gags-geeks ambulants de Nohara qui s'improvise ici conducteur d'hélicoptère ... Nous sommes loin de l'esprit d'équipe et de la puissante structure d'un MHA à titre de comparaison qui parvient à mettre en valeurs différents élèves tout en solidifiant une intrigue pleine de tension.

Dans 008 apprenti espion, la cruauté et l'absence de pitié que peut avoir le monde des agents secrets est à peine soulevée. Elle est même brisée par l'idéalisme du jeune héros qui ne propose jamais un peu plus d'obscurité et de réflexion dans cet univers. Mais rappelons que ce n'est pas le but premier de Shun Matsuena qui se contente dans cette série de jouer comme un gamin avec ses personnages tout en se moquant de la dramaturgie de son manga... Son enthousiasme pourrait être contagieux, malheureusement, ce n'est pas le cas et on attend toujours qu'une véritable intrigue finisse par émerger.