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Critique de Entre nos mains #3

par Tampopo24 le lun. 4 sept. 2023 Staff

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Je questionnais au début de cette publication l’intérêt de sortir un titre aussi similaire qu’un autre du catalogue de l’éditeur. C’est dans la précipitation de ce dernier volume que m’est apparu son intérêt par rapport à son jumeau Si nous étions adultes.

Tandis que thèmes et dessins se faisaient extrêmement similaires au fil des chapitres, c’est l’apparition de cet homme-mari violent qui vient s’ajouter aux moments complexes vécus par les jeunes héroïnes de cette histoire, qui a permis de lui donner sa propre teinte. En effet, jusqu’à présent, un récit sur des jeunes femmes déjà prises se rendant compte de leur homosexualité et vivant tout de même quelque chose malgré les difficultés que ça peut occasionner, on a eu. Le profil d’un mari violent qui est toxique envers sa femme avant même le premier coup, non, on ne l’avait pas eu dans ce contexte. C’était donc nouveau.

Le problème, c’est que le manque de pages restantes à l’autrice vient gâcher tout ce développement. La série devant vite se conclure, Battan précipite tout et comme cela ne semblait pas être prévu, forcément cela se sent dans le rythme de l’histoire assez lente jusque là et cela donne un sentiment de bâclage dommageable. Le trope de la femme battue, c’est quelque chose qui m’intéresse et qu’on ne voit que trop peu en manga, c’est donc vraiment dommage que cela ait été écourté, car une fois de plus l’homme « s’en tire » à moindre frais malgré ce qu’il a pu faire, alors qu’une vraie étude du phénomène serait très intéressante et pertinente à l’heure où il y a tant de féminicides sur notre territoire et ailleurs.

Mais l’autrice préfère se concentrer sur la beauté du geste. Quel geste ? Celui de la quête d’émancipation de Midori, cette femme qui a toujours été bridée dans ses sentiments et se découvre à l’âge adulte le pouvoir de faire ce qu’elle veut si elle le décide. J’ai aimé ce souffle de fraîcheur qu’elle fait sentir sur toutes les pages où elle prend son envol. Cela a rendu le dessin de Battan rayonnant et entraînant, permettant de terminer cette lecture sur une jolie note positive, mais c’est à peu près tout ce que je garde malheureusement.

Car il faut bien reconnaître que la narration pêche énormément et que les dessins manquent de personnalité, empruntant bien trop à Takako Shimura (Si nous étions adultes) qui a plus de bouteille qu’elle. Ainsi l’autrice ne développe pas la question de la grossesse de Midori qui aurait été bien intéressante. Elle ne donne pas réellement d’incarnation à Makimura qui reste juste la compagne, celle qui déclenche cette envie de renouveau. Elle prend également des passages éculés pour faire avancer son récit, comme leur séjour dans les sources thermales et la rencontre avec un personnage déclencheur, sans parler de la méchante rivale qui n’a rien compris. Bref, j’ai connu mieux question écriture.

En bref

Je suis donc à la fois déçue de la brièveté de cette série et déçue de la façon dont elle a été menée. Je ne suis pas convaincue que l’autrice aurait fait mieux, même avec plus de pages. Je la trouve encore jeune, encore à se chercher, avec des sujets à raconter mais pas encore assez l’assise pour le faire. Je la suivrai quand même avec curiosité sur sa nouvelle série disponible chez nous : Jalouses, juste trouvable en numérique pour le moment mais prochainement en tomes reliés.

5
Positif

Une héroïne qui enfin entraîne le récit

De belles intentions thématiques : coming out tardif, grossesse, violence conjugale, jugement des gens...

Negatif

Une série qui manque de personnalité

Des dessins ressemblants trop à ceux de Takako Shimura

Une fin précipitée

Aucun thème réellement approfondi

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