De quoi (re)découvrir que les personnes les plus fragiles ne sont pas toujours bien traitées

2e livre de La Boîte à Bulles consacrée aux lanceurs d'alerte.

Cette fois-ci, c'est la vie de Céline Boussié qui nous est présentée. Elle a travaillé plusieurs années à l'institut médico-éducatif de Moussaron où elle faisait partie de l'équipe qui s'occupait des enfants polyhandicapés les plus gravement atteints. Dans ce qui est montré dans l'album, on ne voit pas beaucoup le côté "éducatif" qui semble bien avoir été au second plan dans les objectifs de la direction de l'institut. Céline finit par "craquer" et révéler au grand jour ce qui se passe dans son service. Cela lui vaut un licenciement et un procès pour diffamation. Elle finira par gagner son procès à la fois devant la justice et aux prudhommes pour manque de formation (mais pas pour licenciement abusif).

Voilà un album qui sort au milieu de gros scandales révélés récemment dans des livres : les maltraitances sur personnes âgées dans certains EHPAD (évoquées aussi un peu dans l'album) et sur les petits enfants dans certaines crèches. De quoi ajouter une pierre de plus à la mise en lumières des maltraitances que subissent des personnes qui ne sont pas ou plus en état de protester : tout-petits enfants par encore capables de parler ou peu, personnes âgées atteintes de maladies neurologiques en particulier ou enfants et adolescents polyhandicapés ne pouvant s'exprimer clairement.

Dans tous les cas évoqués, les familles sont dépassées car elles font confiance aux professionnels auxquels elles ont confiés leurs proches. Et nombreuses sont-elles à se poser rétrospectivement des questions sur ce qui s'est passé dans ces lieux clos.

J'avoue avoir adoré la gaffe de l'avocat de l'institut, que je suppose authentique car notée dans les minutes du procès, quand il ose dire après le visionnage du reportage de M6 : "Madame la présidente, je ne vois pas en quoi il faut être choqué. Il s'agit de pratiques courantes. Les personnes handicapées sont partout traitées de la même manière." Donc, l'institut n'avait pas à être poursuivi puisqu'il agissait dans la moyenne des IME!

Un autre fait évoqué m'a choqué. C'est le fait que les filles de Céline aient eu à subir réflexions désobligeantes et méchancetés de leurs camarades de classe à la suite de l'engagement de leur mère… De quoi comprendre que beaucoup de personnes préfèrent démissionner et se taire sur ce qu'elles ont vu plutôt que de risquer de détruire leurs familles.

Pardon au dessinateur François Sanz qui a fort bien illustré ce récit, mais j'avoue ne pas avoir attaché d'importance aux dessins devant la gravité des faits racontés.

Pardonnez-moi mon pessimisme, mais, hélas, je ne crois pas que ces divers livres fassent réellement évoluer ce qui se passe dans ces instituts. Les maltraitances seront simplement mieux cachées. Rien ne pourra évoluer tant que ces endroits seront prévenus à l'avance des inspections des services sanitaires.

Un album grave et inquiétant sur les abus que subissent les personnes fragiles et sans défenses.

En bref

Un album dont on ne sort pas totalement intact tellement les faits racontés sont odieux. Une femme voit sa vie partiellement détruite pour avoir voulu défendre les plus faibles. De quoi me donner envie de dire un grand merci à tous ces courageux.ses lanceur.se.s d'alertes! Cette fois encore, je reconnais qu'un album de BD m'a permis de découvrir ce scandale que j'aurais ignoré s'il n'y avait eu qu'un essai sur ce sujet.

7
Positif

personnages expressifs

sujet intéressant et bien raconté

Negatif

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