L’apparition du démon

Londres 1858. Une vague de chaleur sans précédent fait baisser le niveau de la Tamise et entoure la ville d’une ignoble puanteur, d’où le nom que lui ont donné les journaux de l’époque : « the Big Stink ». Un autre fléau touche Londres au même moment, le choléra.

On a laissé nos héroïnes et leur Senseï bien mal en point à l’issue du tome précédent et de la répression sanglante du Black Friday. Ce nom renvoie aujourd’hui aux soldes, mais est à l’origine en lien avec l’exécution de militants américains de gauche, le 11 novembre 1887, qui se battaient pour la journée de travail limitée à huit heures. Ils ont été accusés à tord d’avoir posé une bombe lors d’une manifestation en réponse à une répression policière sanglante. Le parallèle avec la série est donc là.

Ce tome amène le lecteur dans de multiples directions, entre la sauvegarde de la fille de Jay, et le combat contre les injustices faites aux femmes et aux enfants de tous temps. Tandis que, dans l’Angleterre du XIXe siècle, Jay et Kita déploient tous leurs talents machiavéliques pour pousser la Reine à interdire le travail des jeunes enfants, plus près de nous, un commissaire et son assistante font tout pour retrouver des enfants mystérieusement disparus. Les auteurs font souffler les vents de la révolution et du fantastique dans une série qui n’en finit pas de nous étonner en multipliant les rebondissements.

Le dessinateur déploie une palette graphique éclectique, entre des ambiances sombres de la vieille Angleterre, les flashbacks sépia sous forme de quasi-estampes, ou les couleurs et les découpages plus classiques de l’histoire contemporaine ; Se surexpose et s’intègre à tout cela les apparitions impressionnantes des démons.

Une série qui étonne et passionne toujours autant au fil des tomes en mêlant critique sociale, récit fantastique et policier sur un dessin aux multiples qualités évocatrices.