Savoir prendre soin

Dans sa BD, Les Veilleurs, Yann Dégruel traite de son métier d’auteur de BD avec son lot de galères (financières) et surtout, de son boulot alimentaire, veilleur de nuit dans un centre pour autistes polyhandicapés. J’ai bien aimé le ton employé : il n’occulte pas les sentiments ambivalents qu’il ressent, sa peur, son dégoût parfois puis sa fierté, sa tendresse ou son stress qui peut lui faire faire presque n’importe quoi.

Même si le sujet de départ est dur, Yann Dégruel nous livre un récit loufoque, souvent tendre, avec plein de belles intentions. Le bémol, c’est que c’est parfois un peu le fouillis. Il y a par exemple, quelques planches sur les trois tamis (ici passoires) de Socrate ou une autre sur le capitalisme et ses déboires. On sent l’envie de parler chez cet auteur qui a l’air vraiment sympa.

Même si le type de dessin n’est pas mon préféré, finalement ces dessins un peu bizarres collent parfaitement avec le sujet traité et les personnages évoqués. J’ai d’ailleurs trouvé que le travail de colorisation et de découpage servent particulièrement le rythme et les accents du propos avec, par exemple, la reprise de la vague d’Hokusaï pour illustrer ce que le handicap fait aux individus dans notre société.

Je ne sais pas si avec les Veilleurs, Yann Dégruel aura créé un « best celaire » comme il dit, mais il livre une BD honnête et sympa sur un métier et des personnes que l’on a parfois du mal à regarder en face et c’est une belle leçon d’humanité.