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Critique de L'habitant de l'infini - Bakumatsu #1

par Tampopo24 le lun. 25 sept. 2023 Staff

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Le retour du samourai immortel !

Fan de la série d’origine de Hiroaki Samura que j’ai découverte et dévorée sur le tard, ce revival sous la plume et le pinceau de nouveaux auteurs et à un autre siècle me faisait saliver. Auront-ils réussi la gageure de reprendre une telle oeuvre culte ? Pas tout à fait.

Projet lancé en 2019 au Japon, l’auteur d’origine Hiroaki Samura ne fait que superviser un travail mené déjà sur plus de 8 tomes par le duo Takigawa – Suenobu, un auteur et un scénariste inédit en France, qui tentent au mieux de se caler dans les pas du maître sans jamais réellement y parvenir, ni sans réussir à s’en détacher, ce qui est paradoxal. Toujours est-il que l’éditeur historique, Casterman – Sakka, nous fait le plaisir de nous le proposer en cette rentrée avec une réédition de l’Habitant de l’infini qui permettra à une nouvelle génération de découvrir ce chef d’oeuvre, même si l’édition a un format plus petit (dommage) que celui d’origine.

Pour ce qui est de ce spin-off, nous retrouvons le héros de la première série : Manji, l’immortel, environ un siècle après que nous l’ayant laissé après son combat contre l’Itoryu, une organisation de sabreurs diaboliques et surtout après qu’il ait subi de terrible expérimentations de la part du shogunat. En 1864, à l’heure où démarre le récit, le Japon est en train de subir une mue magistrale avec son ouverture, pas forcément entièrement volontaire, au monde, et Manji va se retrouver pris entre plusieurs partis qui ont des aspirations différentes pour leur pays et sa gouvernance.

C’est un habillage assez classique, un peu vu et revu, que nous proposent les auteurs. Comme dans Sidooh ou Mibu Gishi Den, ils campent leur histoire dans cette époque charnière et agitée de la seconde moitié du XIXe où le shogunat est en perte de vitesse tandis que l’empereur retrouve sa place, où le Shinsengumi est un groupe faisant figure d’autorité musclée, et où ça s’agite énormément en province auprès de différents groupuscules. J’ai eu le sentiment que contrairement à l’histoire d’origine où Hiroaki Samura avait vraiment construit quelque chose d’original et de personnel, reposant sur la figure du ronin déchu Manji, sur le fantastique de cette immortalité conférée, et sur les drames humains et personnels vécus pour les hommes et femmes rencontrés, nous avions ici à l’inverse quelque chose de très lisse et calibré, déjà proposé par d’autres par ailleurs.

Les auteurs se contentent de reprendre la figure de Manji qu’on connaît, d’évoquer son immortalité, les expérimentations qu’il a vécu par le passé et l’attirance que ses particularité ont pour certain, pour greffer cela dans une intrigue politico-japonaise déjà archi connue où des camps s’affrontent autour de ce tournant historique. Je cherche l’originalité. La série n’a clairement pas l’aura de celle d’origine. Manji est bien plus fade ici, la preuve avec ce pseudo western archi kitch qui ouvre l’oeuvre, qui se veut peut-être un hommage à l’ambiance chambara, pendant du western pour les Japonais, mais qui est ridicule et quasiment sans âme. L’ensemble manque cruellement d’incarnation et se contente d’enchaîner les plans, après la rencontre entre Manji et un certain Sakamoto Ryoma qui va l’entraîner dans ses affaires politiques. Les auteurs nous font crouler sous les noms, mais aucun n’incarne son rôle. C’est fade.

Alors on a de jolis dessins, pas à la hauteur de l’intensité de ceux de Samura, mais qui reprennent bien le cahier des charges et l’ambiance avec ses gris intenses, ses passes d’armes sanglantes et tranchantes, ce côté crasseux et populaire, mais ça manque de feu, de vie et certaines proportions sont approximatives. Il y a même un personnage qui ressemble énormément (trop) au grand méchant de Sidooh de Tsutomu Takahashi, c’est gênant.  Alors certes, ça fait le job mais à nouveau, il manque quelque chose pour moi. J’ai l’impression d’un petit frère voulant imiter le grand, le copiant, se calquant sur lui, mais n’y parvenant pas.

En bref

Petite déception donc que le début de cette oeuvre qui à la fois se cale trop sur la précédente et ne parvient pas à l’égaler. La proposition des auteurs de ce déplacer au moment où le Japon bascule, fin XIXe, les rend trop tributaires de la période et les absout de toute recherche d’originalité. Ils s’appuient trop sur cette histoire déjà connue et ne proposent rien de neuf, entre avalanche de noms, de groupes et réminiscences du passé de Manji. J’attendais mieux, j’attendais plus. Reste pour qui ne connaîtrait pas l’oeuvre originale (ue je préfère de loin vous recommander), un divertissement honnête, sanglant et crasseux, qui plongent dans les coulisses sombres du pouvoir japonais à l’aube de sacrés changements, mais Sidooh fait bien mieux dans le genre !

6
Positif

De beaux dessins

Le plaisir de retrouver un univers chéri

Un contexte historique solide

Des combats tranchants et sanglants

Negatif

Un spin-off fade par rapport à l'original

Une pale copie manquant d'incarnation

Des dessins qui n'ont pas la même aura

Des scènes un peu kitch

Des auteurs se cachant derrière la grande histoire et manquant d'originalité

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