Reconstruction

Cette double série, chacune de cinq tomes, Adler et Eagle, nom générique des pilotes allemands ou américains durant la seconde guerre mondiale, aura relevé le défi de nous tenir en haleine jusqu’au bout. L’histoire est celles de deux pilotes d’avion, qui, par le truchement d’une malédiction, ont échangé leurs corps et donc, leur vie et leur pays d’appartenance, en plein conflit mondial.

Une première conclusion était proposée dans le troisième tome, avec la réintégration de leur corps d’origine. Pourtant, après ce qu’ils ont vécu, avec les bribes de souvenirs du vécu de l’autre durant le temps où il a habité leur corps, rien n’est plus comme avant. Ils ne sont plus tout à fait eux-mêmes et, pour des raisons qui divergent, chacun veut mettre une fin définitive à la malédiction, par la mort de l’autre.

Le tome final de la série Eagle me semble plus attendu que ne l’a été la série jusqu’alors. Il faut dire que les deux personnages principaux, tel des Janus échangeant à qui mieux mieux et douloureusement chaque côté de sa face duale, n’ont pas été épargnés. Aussi, même si on souhaite et on a envie de croire à une vie meilleure pour cet angélique irlandais occupant le corps d’un nazi, on peut difficilement penser que ce changement, qui a tout d’une reconstruction familiale, va se faire sans heurts. Qu’importe. Reste un conte fantastique où deux êtres que tout oppose, le pays, les idées politiques, le sens de la justice, de la morale et du devoir, échnagent leur corps et finissent par mêler leurs esprits.

Le dessin, très réaliste ajoute au tragique du propos, les horreurs de la seconde guerre mondiale. La mise en page, classique est particulièrement réussie dans les planches sur fond noir, avec ces rouges fantasmagoriques que la magie maléfique semble éclairer.

Au final, ce travail dantesque de deux séries parallèles mais entrecroisées est une gageure relevée avec succès.

La fin de deux séries complémentaires Adler et Eagle, qui auront su tenir en haleine le lecteur et ce jusqu’à ce tome conclusif. Une œuvre de longue haleine qui ne déçoit pas dans sa conclusion.