Le retour de Yaka et Fokon !

Akiko Higashimura fut celle qui a révolutionné les lectures pour femmes, pour moi, avec son Tokyo Tarareba Girls osant parler de manière grinçante des aspirations des femmes passées 30 ans. C’était drôle, percutant et honnête. Est-ce que cela nécessitait une nouvelle saison avec de nouvelles héroïnes ? C’est ce que nous allons voir.

Avec déjà une série conclue en 9 tomes + un Hors-série quelques années plus tard, la série d’origine comportait déjà un nombre conséquent de tomes, mais n’était pas pour autant la série la plus longue de l’autrice. Elle avait déjà commis Le Tigre des neiges en 10 tomes et Princess Jellyfish en 17, mais avec cette suite, elle commence à rattraper cette dernière. Akiko Higashimura, c’est également un style, un ton, qu’on se plaît à retrouver ici mais qui semble presque devenir une marque derrière laquelle elle se cache et ne se renouvelle pas toujours.

Cette nouvelle saison débutée en 2019 dans le Kiss au Japon, compte 6 tomes et s’est terminée en 2021. Elle reprend ce qui a fait le succès de la série d’origine : un groupe, ou plutôt ici un duo, d’amies célibataires alors qu’elles ont plus de 30 ans et qui n’ont pas exactement la vie de leur rêve, ce dont elles vont se plaindre devant un verre. Là où ça change, c’est que les héroïnes sont d’abord des collègues et qu’elles ne vont pas dans un restaurant traditionnel mais un bar à hôte où celui qui va aiguiller l’héroïne ne va pas être un auteur sarcastique mais un gérant fantasque. Le dynamique est donc ressemblante mais sensiblement différente et si on retrouve les fameux personnages fictifs « Yaka » et « Fokon », ce n’est pas pareil.

De mon côté, même si les sujets peuvent être intéressants vu sous un certain angle, je n’ai pas autant accroché que lors de ma découverte de la première saison. J’ai trouvé le duo moins accrocheur. Il n’y a pas la sympathie du trio originel. La quête de l’héroïne : « se marier et fonder un foyer heureux » bien que touchant quand on découvre d’où ça vient, ne m’attire pas. Je ne suis pas fan non plus des hommes qu’elle croise, aucun ne m’attire et du coup, je ne vois aucun couple intéressant se profiler. Même son « amie » et collègue, bien que drôle à cause de son décalage de femme d’une autre ère, ne m’amuse pas plus que ça. Je trouve l’ensemble assez plat, prévisible et sans relief, par rapport à l’humour grinçant et désopilant de la première série. L’autrice se répète, innove et en même temps ne parvient pas à renouveler cet essai réussi.

Pourtant, il y a des thèmes intéressants avec cette trentenaire qui vit chez ses parents, enchaîne les petits boulots, ne parvient pas à se motiver pour trouver quelqu’un au début et préfère être seule, ou encore sur le business des bar à hôtes ou même cette injonction à être marié à 30 ans, qu’on retrouve lors du déterrage de leur capsule temporelle, etc. Le parcours personnel de l’autrice est d’ailleurs à mettre en parallèle avec celui de ses héroïnes quand on connaît un peu son histoire maritale. On comprend mieux sa liberté de ton et ses multiples revirements.