Un Moyen-Âge sombre et terrible mais sans doute réaliste

Au Moyen-Âge, dans le sud de la France, des enfants meurent dans d'atroces circonstances. Comme toujours dans de tels cas, ce sont les loups qui sont accusés. C'est à ce moment-là que Brunehilde, une meneuse de loups, arrive dans la région avec Loupiot, un hybride loup-chien. Elle va faire un bout de chemin avec Paulin, colporteur itinérant. Ils vont se retrouver confrontés à la méfiance du peuple vis-à-vis de ces vagabonds et contraints de tenter de trouver le véritable auteur de crimes pour se défendre.

Thomas Gilbert dépeint ici un Moyen-Âge sombre et crasseux où le seigneur des lieux ne vaut guère mieux que les manants qu'il exploite. Il est simple de paraître un bon maître auprès de foules ignares et conditionnées à l'obéissance par les religieux : il suffit d'exécuter cruellement le premier vagabond pris et de l'accuser de tous les maux possibles. Son tueur implacable s'avère un pauvre type rendu fou par son passé (on ne parlait pas de stress post-traumatique alors) qui se croit investi d'une mission divine.

Les dessins durs et violents sont parfaitement adaptés au récit. Il y a de superbes pleines pages reprenant les 4 cavaliers de l'apocalypse (Famine, Mort, Guerre et Conquête), mais aussi la bête à 7 têtes montré comme un loup géant. Les visions du tueur fou sont superbes et tranchent dans la noirceur ambiante par leurs fonds jaunes lumineux… mais ses archanges sont plutôt effrayants. Le cadre de vie glauque des paysans m'a évoqué la vision du cinéaste russe Alexeï Guerman pour son film "Il est difficile d'être un dieu" d'après le roman des frères Strougatski.

Un album original et fantastique qui montre un Moyen-Âge dur et sombre sans doute plus réel que d'autres visions plus axées sur les classes dominantes… en tout cas, un livre à découvrir.