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Critique de Golden West

par vedge le mer. 25 oct. 2023 Staff

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Cosmologie du Far-West

Dès les premières cases le lecteur est plongé dans cet Ouest au soleil brûlant, par le dessin magnifique de Rossi, qui joue avec la lumière et les ombres pour faire ressentir l’infinie pureté changeante de ces paysages.

Puis, tout de suite, le récit démarre avec une scène où Geronimo prend le nom d’un saint vénéré par les Mexicains lors d’une razzia vengeresse par les tributs indiennes, trop longtemps spoliées et massacrées. Seule une jeune fille, Inès, sera sauvée et rejoindra la tribu. L’histoire se poursuit par le récit d’un accident de chasse, dont la faute rejaillie sur un jeune indien, rendu responsable et chassé de sa tribu car il porte en lui le mauvais esprit, pour avoir tué un animal inapproprié.

Le dessin joue alors parfaitement sur l’immensité des paysages, le foisonnement grouillant de la vie animale et la petitesse de ce jeune garçon, Woan, qui décide néanmoins de relever le défi de survivre, solitaire, dans cet environnement hostile. Seule Inès assure encore le lien entre ce qui fut et ce qui est, pour celui qui n’est plus un papoose mais pas encore, non plus, le grand guerrier qu’il rêve de devenir. Il prend néanmoins confiance, agrandit son territoire de chasse et vient en aide à la sœur d’un chef Apache, nommée Lozen, qui le conduit finalement vers Geronimo.

Une étape importante pour l’enfant devenu jeune homme, à l’écoute de la nature et des esprits, qui apprend les rites afin de devenir un fier guerrier. Alors la magie et le fantastique se mêlent au récit. Geronimo le grand guerrier est aussi grand chaman et commande aux rochers qui dévalent ; Le décor revêt toutes les teintes entre poussières et rochers dans un dégradé du blanc au brun dans cet éboulement. Dans le combat suivant, contre les chasseurs de scalp, c’est la brume, laiteuse, qui semble vivante sous le pinceau de Rossi, tandis qu’ensuite les bleus éclatent au ciel, alors que les Apaches émergent de leurs trous dans le sable pour tuer les derniers chasseurs.

Rossi nous amène plus loin sur un plan métaphysique en comparant le polythéisme, l’animisme indien respectant toute chose, faune, flore, rochers, au monothéisme chrétien, catholique ou protestant, prôné par l’envahisseur, américain ou mexicain, excusant par le pardon toutes les ignominies.

Dans ce pays aussi, dans ces terres non pacifiques entre tribus indiennes certes, mais vivant en harmonie avec leur écosystème, des fondamentalistes religieux, pionniers, WASP, ont créé l’American Way of Life, sur un génocide jamais reconnu. Ils s’émeuvent à raison depuis, des génocides, ailleurs, loin des plaines de l’Ouest.

Un temps Woan trouve une âme sœur, qui ne juge pas l’exil de celui-ci mais dont le cœur bat à l’unisson de ce qu’il est devenu. Puis, revenu dans son clan, la guerre reprend pour la liberté, pour la fierté d’être et de demeurer ce qu’ils sont et comme ils se nomment entre eux : des êtres humains.

La fin de l’ouvrage, entre acculturation, simili inclusion et mensonges manifeste du cinéma hollywoodien, dit bien la nécessité de cette BD. Elle est celle qui décrit, celle qui propose mais qui n’impose rien. Cette BD redonne au peuple indien, avec une magnificence dans le dessin, sa grandeur et l’inéluctabilité de sa fin dans la plus parfaite indifférence.

Un ouvrage fort et magnifique, qui, à travers le destin d’un jeune garçon indien chassé de sa tribu met en exergue la grandeur cosmologique des natives indians d’Amérique et montre comment leur nation, leurs coutumes, leur symbiose avec la nature a été volontairement annihilée par les colons.

Rétrospectivement, renvoyons aux donneurs de leçon l’exacte image du génocide aux fondement des USA et renouons, avec déférence, avec les fondements qui lient l’humanité à la terre mère. Usen nous en saura gré.

En bref

Un ouvrage fort et magnifique, qui, à travers le destin d’un jeune garçon indien chassé de sa tribu met en exergue la grandeur cosmologique des natives indians d’Amérique et montre comment leur nation, leurs coutumes, leur symbiose avec la nature a été volontairement annihilée par les colons. Il faut l'avoir dans sa BDthèque

10
Positif

Le dessin, l'histoire, les valeurs tout est superbe

Negatif

je n'en vois pas

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