Jouer les séductrices

Concept manga sur un concept job, le nouveau yuri de Meian a quelque chose de drôle et rafraîchissant pour peu qu'on adhère au délire de l'autrice de reconstituer dans un café les célèbres écoles avec pensionnat pour filles inspirées de l'Occident.

Ce premier travail de Miman est un bel hommage à tous les shojos mangas des années 70 où les autrices aimaient plonger leurs lecteurs dans les aventures d'adolescentes aux sentiments tortueux aux milieux de leurs camarades de pensionnats. Transposant ceci dans un concept café où l'héroïne va venir travailler, elle permet aux clients de ce dernier de revivre des scènes cultes comme s'ils y étaient tandis que les serveuses s'amusent à les rejouer. Vous connaissiez le maid café, voici le Liebe café !

Mais si le manga est amusant à suivre, ce n'est pas seulement pour son cadre original, c'est également parce que l'héroïne correspond à merveille à ce dernier, du moins son côté artificiel et théâtral. En effet, Hime, qui a toujours été une jolie fille, joue à fond là-dessus pour se faire aimer de tous, son but dans vie étant d'épouser un homme plein aux as ! Jeune fille totalement artificielle, ça lui va donc bien de travailler dans un tel concept café. Sauf que cela va se révéler plus compliqué. 

J'ai aimé le double jeu de l'autrice avec son héroïne. D'abord celui consistant à faire d'elle quelqu'un de très hypocrite dont les gens ne savent pas ce qu'elle pense parce qu'elle se cache derrière un rôle, ce qui déroute quand on s'en compte ou passe de manière totalement invisible quand on ne remarque rien. Ensuite celui consistant à nous révéler les faiblesses de cette dernière, car jouer un rôle c'est épuisant et ça ne fonctionne que si la personne en face se laisse prendre au piège, quand elle ne suit pas, comme l'une de ses collègues, c'est bien plus dur de faire le tri entre fiction et réalité. Voir Hime confrontée à cette difficulté fut jouissif, car elle a quand même tout de la petite peste sinon ! 

J'ai donc aimé les duos qui vont naître au sein de ce café pas comme les autres où derrière les scènes fictives improvisées par les serveuses, une autre réalité se cache. C'est amusant de voir le masque que chacune porte et sa vraie personnalité derrière. C'est cocasse de revoir jouer des scènes où elles flirtent sur base de "grande soeur - petite soeur" sous le regard ravi et amouraché des clients. C'est encore plus savoureux quand on sait les filles en fait à couteaux tirés derrière comme Hime et sa grande soeur. Donc au-delà de découvrir la vie au café, c'est d'assister à ces relations multiples et complexes qui a fait toute ma saveur du titre. 

En plus, le titre est vraiment agrémenté de jolis dessins flatteurs pour ce type d'environnement. Nous avons droit à des beaux uniformes d'inspiration occidentale, des filles qui s'imaginent des décors de pensionnats européens à l'ancienne et celles-ci, il faut l'avouer sont toutes charmantes à leur manière. On a celle pleine d'assurance mais libre avec les cheveux ondulés à la Gilbert, celle plus droite dans ses bottes avec de longs cheveux noirs et raides, puis les petites jeunes plus légères ou timides, qui ont une allure de bonbon sur pattes. Tout pour plaire aux amateurs/trices de ce type d'histoire.