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Critique de Alan moore présente dc comics

par Le Doc le dim. 26 nov. 2023 Staff

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Alan Moore présente...

Si je devais établir une liste de mes histoires préférées de Superman, For the Man who has everything (Superman Annual #11) de Alan Moore et Dave Gibbons y figurerait en bonne place. Il s'agit là de l'un des sommets des titres Superman des années 80, un récit qui n'a rien perdu de son efficacité et de sa puissance émotionnelle. Sous l'effet d'une plante extraterrestre "offerte" par l'alien Mongul, Superman est prisonnier d'une simulation de bonheur...et il lui est difficile d'échapper à cette emprise. Superbement dessiné par Dave Gibbons (atmosphère, décors détaillés, expressivité des personnages qui retranscrit parfaitement l'émotion...bref, c'est un régal), le scénario d'Alan Moore est très bien construit, avec des transitions fluides (notamment dans le climax) entre ce qui se déroule dans l'esprit de Superman et le combat qui se déchaîne au coeur de la Forteresse de la Solitude. Si "Pour celui qui a déjà tout" est avant tout une histoire de l'Homme d'Acier, au coeur de laquelle Alan Moore perce la carapace invulnérable du héros et son habituel optimisme pour mieux approfondir la douleur de la perte de sa planète natale, Wonder Woman, Batman et Robin ont aussi chacun un rôle à jouer...et cela doit bien être le meilleur moment de la courte carrière de Jason Todd en Robin.

Publiée dans les pages de la revue DC Comics presents, Au coeur de la Jungle fait partie de ces variations sur les derniers jours de Superman, la façon dont le kryptonien réagit à sa potentielle disparition. Dans cette rencontre avec Swamp Thing illustrée par Rick Veitch, Superman tombe gravement malade après son exposition à une étrange roche contenant des spores extraterrestres. S'il n'y a bien évidemment pas de doute sur l'issue du voyage de Superman qui préfère s'éloigner de la civilisation pour y mourir car la maladie détraque ses pouvoirs, les auteurs signent une lutte pour la survie prenante, aux visuels marquants dès que la créature du marais fait son apparition pour apporter avec elle ce ton particulier propre au comic-book animé par le barbu de Northampton.

Le sommaire propose ensuite la saga Whatever happened to the Man of Tomorrow ? (Superman #423 et Action Comics #583), dont le but était de dire adieu au Superman de l'Âge d'or des comics  avant la relance post-Crisis de l'univers DC. Cet arc narratif en deux parties est aussi bien une déclaration d'amour à la longue période éditoriale de l'Homme d'Acier supervisée par Julius Schwartz qu'au concept des Histoires Imaginaires, pleines de possibilités et d'idées divertissantes. La "dernière aventure" imaginée par Alan Moore possède le charme de cette époque révolue avant d'emmener ses personnages dans des recoins plus sombres, motivant la décision finale de Superman. Graphiquement, c'était une excellente idée d'avoir confié les dessins au vétéran Curt Swan, épaulé à l'encrage par George Pérez pour le premier chapitre. 

Alan Moore s'est aussi frotté à l'exercice du récit court, avec plus ou moins de réussite. Je garde une préférence pour ses Contes du Corps de Green Lantern, et surtout la savoureuse rencontre entre Bolphunga l'Implacable et le Lantern Mogo. Un petit classique à la chute qui sait toujours provoquer le sourire. Celle avec Katma Tui est assez astucieuse. L'aventure d'Abin Sur m'a par contre un peu perdu...et je crois que je préfère l'évolution du style de Kevin O'Neill sur La Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Pour les vignettes tirées des pages de la série Omega Men, le résultat est inégal mais la chute de la première ne manque pas de piquant...

On termine la sélection BD par une partie consacrée aux justiciers urbains. La back-up de Detective Comics avec Green Arrow et Black Canary est anecdotique et vaut surtout pour l'ambiance qui se dégage des dessins de Klaus Janson. Mieux ficelés sont les deux épisodes de Vigilante, au suspense tendu et au sujet difficile qui exacerbe les tensions jusqu'à un final très violent. Pour le onzième annual de Batman, Alan Moore plonge dans la folie d'un vilain que je ne connaissais pas du tout, le troisième Gueule d'Argile, et fait de cet homme au visage et au corps ravagé un être monstrueux et pathétique à la recherche d'un amour impossible. Le monologue intérieur de Gueule d'Argile est parfois un peu lourd mais le portrait est bien servi aux dessins par le rare George Freeman.

Ce copieux pavé se referme sur la fameuse description du projet avorté Twilight of the Super-Heroes. Alan Moore se perd d'abord dans des digressions et met un peu trop de temps à rentrer dans le vif du sujet (les premiers chapitres du texte sont un peu brin laborieux) avant de détailler sa proposition qui ne manque pas d'idées et de déviations intéressantes...et vu l'aspect très dark de ce crépuscule des super-héros, je ne suis pas étonné que DC ait décidé de ne pas aller plus loin dans les années 80...même si certains éléments semblent avoir été ensuite injectés dans différents comics au fil des années...

En bref

Une postface de Paul Kupperberg et un texte sur l'aventure éditoriale de Superman sont également repris en bonus de la section consacrée à l'Homme d'Acier.

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