L'amour est dans le pré au pays du thé !

Amatrice de comédie romantique, cela faisait longtemps que je ne m’étais pas autant amusée qu’avec ce premier tome de L’amour est dans le thé, qui donne la couleur dès le titre ! Quiproquos, imbroglios et revendications féministes au rendez-vous !

Avec cette première parution chez nous, Umebachi Yamanaka frappe fort. Il faut dire qu’elle parle de ce qu’elle connaît, elle qui a grandi dans une région de culture du thé, ce qu’elle révèle dans la courte interview que Glénat a mis à notre disposition ici (lien). Avec un petit vernis de culture et une grosse dose d’humour, la voilà qui nous embarque dans le quotidien de la fille d’un théier qui revient dans l’exploitation de son enfance après une déception sentimentale.

Loin du sérieux et de l’érudition d’un Natsuko no sake, qui proposait un schéma un peu similaire avec une fille prodigue souhaitant reprendre l’exploitation familiale et nous en faisant découvrir les arcanes, ici c’est l’humour et les revendications qui l’emportent. Dans ce court premier tome, d’un peu plus de 150 pages, nous faisons la rencontre de la truculente Chako, qui telle une héroïne de RomCom revient toute grandiloquente après avoir fui un fiancé dont les aspirations de femme à l’ancienne lui faisait peur. Mais voilà t-il pas qu’elle se découvre une nièce et un employé ronchon à domicile à la place du frère qu’elle attendait !

Exploitant à fond les ressorts des comédies romantiques qu’on aime regarder et lire, l’autrice se joue de nous avec la superbe figure de Futaba, fillette de 4 ans qui mène son monde par le bout de sa jolie frimousse. Petite orpheline ayant perdu sa mère et donc le père vit reclus en écrivant des livres, elle est sous la responsabilité du bourru Isshin, employé par son père. Si Futaba séduit de suite, Isshin est plus rude à apprécier et il va faire des étincelles avec Chako. Schéma parfait de l’ennemi to lovers et du sunshine / grumpy boy, le manga amuse et fait sourire par les échanges plein de venin qu’ils échangent et les réparties pleine de guimauve de la petite Futaba qui les rêve ensemble, telle une groupie.

En quelques pages, la dynamique est trouvée et l’autrice joue à merveille dessus, se renouvelant de chapitre en chapitre. Futaba est ainsi l’interrupteur qui va lancer la romance à venir entre les deux antagonistes, mais ce sont les revendications féministe de Chako qui vont aussi souffler le chaud sur Isshin et ses remarques sexistes dont il n’a même pas conscience, offrant ainsi une autre dimension, pas seulement humoristique au texte. L’amatrice de romance moderne que je suis est vraiment dans ses petits chaussons. J’ai adoré suivre l’explosive et pétillante Chako, sur le point d’exploser face aux nombreuses remarques sexistes des hommes de sa vie, mais fondant en même temps paradoxalement devant les beaux muscles et le joli sourire de son némésis. C’est drôle, c’est rigolo, c’est entraînant. Cela reprend et tort un peu les codes classiques de ce type d’histoire, notamment grâce au regard omniprésent de Futaba.

Les dessins sont également modernes, rappelant le trait assez épuré de certains josei sur le dessin des personnages. Ils offrent une belle palette d’expression, du rire aux larmes, de la légèreté au sérieux et à la frustration énervante même de certaines situations. Futaba est encore plus mignonne qu’une Anya avec sa petite bouille, et les sourires d’Isshin valent de l’or. Si vous voulez vous en faire une idée n’hésitez pas à lire le premier chapitre en ligne ici (lien).