Une vision effrayante du futur

Dans un futur où le cloud a éclaté et permis à tout un chacun de découvrir les petits secrets de tous les autres, c'est la Presse qui est chargé de mener les enquêtes policières dans ce monde sans internet. Mais les paparazzi existent toujours et se chargent des dossiers qui leur sont confiés par des personnes recherchant la discrétion. En effet, les enquêtes de la Presse sont soit publiées dans les journaux, soit passées en urgence sur les Teevee, les nouveaux postes de visionnage.

Brian K. Vaughan a imaginé un monde futuriste sans internet où la Presse a tous les pouvoirs… de quoi nous inquiéter à notre époque de consommation exagérée des réseaux sociaux. Du coup, le méchant de l'histoire (il en fallait bien un) ne me semble pas aussi horrible dans ses motivations de base l'ayant conduit à des tuer ou faire tuer des personnes. Au chapitre 8, il a une tirade quand il est au sommet d'un barrage qui explique ses motivations à recréer internet pour rouvrir les yeux des américains sur ce qui se passe dans le monde et générer une révolution. J'ai beaucoup aimé l'idée que "il faut forcément des français pour réussir une révolution"… quand on étudie les récupérations pas des régimes plus ou moins tyranniques (souvent plus!) des diverses révolutions mondiales, cela fait rire (jaune, bien sûr!)

Avec un tel scénario et des gens qui passent leurs temps à utiliser des pseudonymes et à porter des masques plus ou moins élaborés, le dessinateur Marcos Martin et le coloriste Muntsa Vicente ont dû se régaler en créant des visuels plus improbables les uns que les autres. Le côté vieillot du look des correspondants de presse avec chapeau mou agrémenté d'une étiquette "PRESS" et sans masque (cela leur est interdit) est particulièrement amusant. Les décors sont fantastiques et superbes. Les personnages vus sans masques sont expressifs… j'ai beaucoup aimé le papy. J'ai dû attendre la fin pour comprendre ce qu'est une "onifripe", mais je ne vous le révèlerai pas pour vous laisser la surprise.

Un fantastique album qui mérite vraiment d'être lu avec l'esprit ouvert pour ne pas tomber dans un piège manichéen car le méchant a un idéal (un peu faussé) et il n'y a pas vraiment de "gentils". Un monde du futur où l'on a oublié qu'internet n'était pas seulement le lieu virtuel où toutes les bêtises trouvaient leur place, mais aussi et surtout au départ un lieu virtuel de connaissances partagées dans beaucoup de domaines : sciences, arts…

À découvrir au plus vite!