Tout va bien se passer...

Avant d'être une curiosité papier, Everything is fine est d'abord une petite curiosité numérique , un webtoon glaçant dessiné par un certain Mike Birchall dont le visage est aussi dissimulé derrière une bonne grosse tête de chat... Mais curiosité ou pas , Everything is fine est un titre qui possède tout de même sa petite popularité.

Personnellement, j'attends le tome 2 qui devrait paraitre en février avec impatience...

Mais qu'est ce qu'Everything is fine ? 

Dans un quartier pavillonaire paisible, Sam et Maggie forment un couple. Dans leur petit monde, tout est calme et mesuré. Les voisins s'entendent bien, le ciel est toujours éclairé, chaque habitant porte un gros masque de chat. Bref, tout est normal, tout est normal, tout est bien, tout est sous contrôle....

A l'instar de Mike Birchall, ne dévoilons pas trop l'intrigue. Laissons le plaisir de la découverte, une découverte qui, dans ce premier tome de cette courte série, se dilue de manière très progressive sans apporter de réponse concrètes.

Avec Everything is fine, nous tombons sous le charme glacial de ce qui pourrait s'apparenter à un thriller distopique horrifique où tout semble aller pour le mieux alors qu'en réalité, c'est tout le contraire qui se passe entre caméra de surveillance, voisins fourbes et dénonciateurs, tragédies passées sous silence, culture de l'oublie... Le tout couvert derrière un décor de petite rue bien proprette assortie de pavillons tous autant impersonnels les uns que les autres.

Rien que la symbolique du masque, en l'occurence, le gros et flippant masque de chat tout mignon est un remarquable faux-semblant en soi. C'est d'ailleur la particularité de ce masque qui donne toute son ambiguité à cette bd. Ces têtes disproportionnés et figés peuvent occuper tout l'espace d'une case sous le coup d'un dangereux moment de tension.

Avec son dessin minimaliste, cette fausse abscence d'expression due au masque et ces décors très limités,  Mike Birchall fait miroiter un petit univers dans lequel le  grotesque et la froideur se côtoient...Un petit univers où règne l'apparence et le non-dit car le dessinateur ne va bien sûr rien révéler des tenants et aboutissants de cette société à la Big Brother. Quelques indices témoignent légèrement d'un drame passée et de la volonté de tout ce petit monde à l'oublier, un oubli qui est d'ailleurs forcé et surveillé comme en témoigne l'impitoyable agent Tom. 

Ce personnage est d'ailleurs un bon exemple de l'écriture ambigue dont fait preuve le dessinateur. Alors que Maggie représente un début de révolte et se laisse allez à des silences lourds de sens et une attitude de plus en plus émancipée, Tom est ici l'inquisiteur qui entremèle des répliques aimables ( " s'il vous plait, appelez moi Tom ! " ) et un ton menaçant. 

Ainsi, derrière leurs masques où tout le monde se ressemble, Mike Birchall aiguise la personnalité de ces différents personnages qui jouent tous le signe de l'amabilité mais dont la personnalité transplanait entre certains répliques. De quoi accentuer le malaise à la lecture... Un malaise assorti avec une tension horrifique qui ne se dévoile qu'au dernier moment du chapitre.

Pour les amateurs de distopie glacial façon Black Mirror ou We happy few.