Aventure onirique

Lovecraft est un auteur surtout connu pour l’incroyable mythologie cosmique et les anciens dieux monstrueux qu’il a inventés mais il a également écrit des nouvelles et romans sur le thème des rêves, regroupés sous son Cycle des rêves. Kadath l’inconnue est une adaptation d’un de ces romans intrigants (intitulé en VO The Dream-Quest of Unknown Kadath) sur notre perception des songes et de la temporalité très particulière qui s'écoule entre ce monde et le notre.

Synopsis : Randolph Carter est un voyageur des rêves. Il cherche sans relâche à atteindre Kadath, la demeure des dieux, avant de se réveiller car qui sait de quoi seront faites les aventures subconscientes de la nuit suivante ?

Tout d’abord un petit mot sur Lovecraft, auteur prolifique du siècle dernier, qui s’est notamment illustré dans la science-fiction horrifique avec grand talent. Si vous n’avez jamais lu de Lovecraft, je ne peux que vous conseiller d’essayer. Vous pouvez commencer par de courtes nouvelles ou des plus longs romans, la majorité de son œuvre fait partie d'un large univers qu’il a su construire au fur et à mesure de ses histoires, généralement découpé en 3 cycles.
Si vous préférez découvrir son œuvre via des adaptations, l’album qui nous intéresse aujourd’hui en est une belle mais je ne peux que vous conseiller de vous laisser tenter par la collection Les chefs-d’oeuvre de H.P. Lovecraft éditée par Ki-oon qui nous offre une parfaite version en manga par Gou Tanabe des plus grands récits de l’auteur.
Pour les amateurs déjà lecteurs qui voudraient mieux connaître l’homme et ses démons, est paru dernièrement Le dernier jour de Howard Phillips Lovecraft, récit imaginaire contant les derniers instants de l’auteur avec un trait très particulier qui apporte une ambiance très chouette.

Après cette divagation, passons à notre album !

Ce comic-book découpée en 8 “épisodes” est donc une adaptation par Florentino Florez du roman La Quête onirique de Kadath l'inconnue, la plus longue histoire du Cycle des rêves. Le terme d’épisode appuie le point principal de l’histoire : il ne faut pas se réveiller de peur de devoir recommencer sa quête au prochain sommeil. Entre chaque épisode, on a des planches d’interlude dans laquelle on suit un petit garçon - que l’on peut suspecter d’être Randolph Carter, le protagoniste (de tout le Cycle des rêves), dans le monde réel ? - illustrées à la façon de Little Nemo.

Ce n’est pas la seule référence à l’art ou à la pop culture, on en croise tout au long de l'album de façon plus ou moins discrète, ce qui m'a décroché quelques sourires sans pour autant que ça ne casse le rythme du récit.

Dans sa globalité, j’ai trouvé que c’était une belle réussite. On est plongé dans un monde totalement fantasmé dans lequel on croise des paysages et créatures de rêves mais également de cauchemars.

J’ai beaucoup apprécié les dessins et surtout les couleurs de Guillermo Sanna et Jacques Salomon qui se complètent très bien dans des styles cependant assez différents. Je n’ai pas du tout été gêné par le passage de l’un à l’autre, notamment grâce au travail des couleurs qui permet de garder une certaine cohérence dans l’ambiance générale. Et cette colorisation fait énormément de bien à l’album car elle détermine les ambiances de façon très efficace.

Une belle adaptation d’un roman de Lovecraft qui embarque dans un voyage onirique, entre rêve et cauchemar et qui nous fait nous interroger sur notre perception et notre place vis-à-vis de ces songes.