Rendez-vous manqué

Avec sa superbe couverture très poétique et triste avec ce couple en costume de deuil sur fond de nénuphar, Le Périple des Cendres était sur les rangs pour être une excellente lecture pour moi, malheureusement le désir impérieux de tout le temps ajouter des romances même là où ce n'est pas nécessaire a un peu gâché l'expérience T.T

C'est le premier titre de Conro à parvenir jusqu'à nous et on peut dire que l'autrice a su se faire remarquer. Une superbe couverture, des thématiques complexes, c'est un très bon début. Ce n'est jamais facile de parler de deuil et elle le fait très bien malgré un format des plus resserrés. Elle est juste tombé dans le piège de la romance interdite dont elle aurait parfaitement pu se passer...

J'avais vu passer des avis moyens sur les réseaux, j'appréhendais donc ma lecture et j'ai dans un premier temps été fort surprise. Il y a une belle maîtrise des dessins grâce à son trait fin et aux beaux visages des personnages, ainsi qu'une narration simple mais maîtrisée. J'ai lu largement pire ailleurs. C'est un très bon point en sa faveur. Il y a aussi une bonne maîtrise du rythme de l'histoire dans le volume de pages imparti et un jeu maîtrisé entre passé et présent pour nous conter ce drame en plusieurs étapes. Là aussi, aucun soucis. Les sujets choisis sont puissants : suicide, deuil, relation homosexuelle mal vécue, sentiments non partagés, pression parentale, regard de la société,.... Non, vraiment je ne voyais pas ce qui avait pu clocher pour certains.

J'ai aimé partir sur les routes avec Tokio et Ren, un ami proche du frère du premier qui vient de se suicider. C'était bouleversant de voir la détresse du second et la culpabilité du premier, qui complexé dans sa relation à son frère à cause de la place que leur famille avait attribué à chacun. Pas simple d'être dans l'ombre de quelqu'un, toujours comparé à lui, réduit à la "mauvaise version" de lui. J'ai compris son amertume mais aussi sa culpabilité du coup d'avoir rejeté une fois ce frère peut-être en détresse, ce qu'il n'avait su voir. C'est très bien écrit et rendu. Même belle écriture du côté de Ren, meilleur ami amoureux qui s'est peut-être déclaré au mauvais moment et n'a pas eu la réponse attendu, mais il ne savait pas la pression ressentie par celui qu'il aimait par sa famille voulant voir en lui quelqu'un de parfait. Il n'y a vraiment aucune fasse note jusqu'à présent !

La chute est donc venue, malheureusement, des derniers moments de l'histoire. De manière assez incongrue et précipitée, l'autrice a introduit une romance - mais pourquoi ?! - entre Ren et Tokio, ce dernier succombant le premier, comme son frère, face à la liberté de Ren, tellement attirante pour quelqu'un ayant vécu dans un carcan comme lui. Cela aurait pu être touchant et même déchirant, vu l'ancien rapport entre Ren et son frère, si cela n'avait pas été glissé aussi maladroitement dans l'histoire alors qu'ils ne se connaissaient que depuis quelques jours, quelques heures mêmes ! Qui peut croire à ça dans ces circonstances ? Cela m'a vraiment gâché la fin de ma lecture, de même que les scènes de sexe, présentes comme si c'était pour remplir un cahier des charges. La simple histoire de ce deuil compliqué, de cet amour raté entre Ren et le frère de Tokio aurait été amplement suffisant. Dommage.