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Critique de Congo Blanc

par vedge le mar. 27 févr. 2024 Staff

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Parfums d’Afrique

Les éditions Daniel Maghen proposent des ouvrages de grande qualité ; La preuve en est encore faite avec cette BD qui reprends trois histoires ayant pour cadre le Congo Belge à trois époques différentes, « Congo 40 » (paru en 1987 dans le mensuel A suivre), « Fleurs d’Ebène » et « Congo Blanc ». Ces récits sont réunis dans cette intégrale grand format à ouverture souple, dans les couleurs originelles, avec de nouveaux lettrages et un cahier de fin inédit. De superbes aquarelles sur deux pleines pages séparent et rythment les récits, tandis que le cahier de fin donne un aperçu des recherches sur les portraits essentiellement féminins, rendus avec une grande sensualité.

« Congo 40 » narre la rencontre en France, en 1942, d’un grand planteur et de sa petite fille, qui se remet, dans un centre de cure, du décès de son père, avec un gigolo. Le courant passe entre le planteur et le jeune homme, qui le rejoint, vingt ans plus tard, sur la plantation, au Congo. La jeune fille, devenue femme, rentre, elle aussi, au Congo sur la plantation et son arrivée déclenche le souvenir de vieilles histoires douloureuses et de leurs conséquences.

Le deuxième récit nous fait suivre une enquête concernant un homme noir renversé par un conducteur blanc. Mais au fur et à mesure de l’enquête, la solution est peut-être plus compliquée qu’il n’y parait et met l’enquêteur dans une situation complexe. Ce dernier est un commissaire blanc, amoureux de l’Afrique, touché par la violence crue et l’emportement du continent sauvage, et encore naturel en 1960. Avec lui, comme dans le premier récit, le lecteur ressent la moiteur et l’ivresse, source de tous les emportements du corps et du cœur. En filigrane, c’est le colonialisme, belge en l’occurrence, mais ayant valeur d’universalité du comportement des nations européennes envers leurs colonies, qui est mis à nu et questionné.

Que cherchent ces hommes égarés dans une culture qu’ils ne comprennent pas, régis par des règles économiques et morales qui ne s’appliquent pas, hormis par la peur et la violence ? Une première réponse nous est donnée à la fin de cette seconde histoire : « l’amertume des bières belges et la beauté des femmes congolaises… Deux choses que personne ne pourra nous enlever ! ».

La dernière histoire courte vient confirmer cette phrase. On y voit le déchirement d’un homme attiré par l’animalité franche du continent, l’attrait qu’il a pour une femme autochtone, et la peur de tout perdre en se trompant de destin. Peut-être aujourd’hui ces récits, dont on n’est plus totalement sûrs de savoir s’ils dénoncent ou envient avec nostalgie, seraient vu avec un recul moral et bien-pensant comme l’époque semble à nouveau l’apprécier. Reste que ces récits diffusent un parfum d’aventures et d’ailleurs où les femmes et les hommes vont à l’essentiel de l’instant quitte à le regretter.

Des récits mis en image à couper le souffle qui parlent aux yeux autant qu’au cœur et aux entrailles, dans une réédition à ne pas manquer.

En bref

Des récits mis en image à couper le souffle qui parlent aux yeux autant qu’au cœur et aux entrailles, dans une réédition à ne pas manquer.

8
Positif

Tout, dessin, scénario, qualité de la réédition.

Negatif

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