Contre vents et marées

Cette adaptation du roman de Joël Raquenes, « les pains de la mer » s’intéresse principalement à un homme, Yves Kerléo. Ancien gardien de phare, il quitte ce métier par amour, car il éloigne trop un homme de sa femme ; Il devient agriculteur sur une petite île bretonne. Apprécié par un indistriel local, il monte ensuite, à la force du poignet et avec une volonté et un optimisme inébranlable, une entreprise, une sorte de coopérative de goémoniers. Il les aide à produire plus de pains de soude à partir de goémon, en leur mettant à disposition charrettes et chevaux.

Cet homme, issu de la terre et de la mer, force le respect. Sa droiture se lit en lui et attire la confiance. Il doit faire face dans ce tome à un nouveau travers alors que tout lui semblait acquis : la possible faillite de son unique client, l’industriel, trahi par le propre fils de ce dernier. Ils décident une fois de plus de s’allier pour renflouer un navire échoué transportant divers alcools et en même temps leurs comptes ; ceci afin, pour l’industriel de garder son empire et pour l’autre de payer ses ouvriers.

« L’or des marées » est une saga familiale, sociale et solidaire. L’histoire de femmes et d’hommes durs à la peine, arrachant leur pitance à une nature et une mer souvent hostiles, risquant leur vie pour survivre.

Le récit est magnifiquement illustré de cases d’aquarelles, tableaux vivants de l’époque, des lieux et du temps. Les couleurs semblent atténuées pour ne pas éclipser la dureté des personnages et de leur vie. Comme si les couleurs vives auraient pu fâcher des noyés engloutis qui, vexés, seraient venu brusquer les flots et demander paiement de peine, pour des couleurs de joie. Les traits des hommes, burinés, halés, brulés par le sel et le vent, sont ainsi striés de hachures. La mer, toujours renouvelée, décline un éventail de gris et de bleus, entre les moutonnements blancs.

Une superbe chronique familiale et existentielle de la Bretagne du début du XXe siècle, en lumière par un dessin sensible et précis.