Démons et merveilles

Surgit de l’imagination débordante du scénariste Serge Bourhis durant le COVID, à partir du personnage du sataniste américain Anton Lavey, ce qui devait être un one-shot devient un polar en série. Le personnage central est une enquêtrice, ce qui devait être rare à San Francisco en 1967, date à laquelle se passe ce premier tome. Si la série trouve ses lecteurs, il devrait être suivi d’autres, dans d’autres villes, au fur et à mesure de l’avancée chronologique et du vieillissement, qui sait, du personnage.

Pour l’instant, focus sur ce premier tome. Un corps de femme est retrouvé, avec, gravé au couteau sur son ventre, un pentacle inversé. L’enquête s’oriente vers une secte sataniste menée par son gourou Baron Yeval. Kim Tyler, jeune enquêtrice, vient d’arriver à Frisco, sur les traces de son père, flic lui aussi, mort suicidé ou assassiné. Une jeune fille intelligente, mais dont on décèle les failles, sans avoir pour l’instant tous les éléments pour les interpréter.

Arrêtons-nous un instant sur le dessin. Intéressant, atypique dirais-je. Bien sûr on a déjà vu le dessinateur à l’œuvre, mais dans un polar américain, ce dessin, loin du classicisme de la ligne claire, amène un décalage bienvenu dans l’ambiance torve d’une enquête complexe. Des couleurs pastel assez gaies, alternent avec des noirs profonds des flashbacks de la vie et l’œuvre du gourou, dont on ne sait s’il joue, s’il en joue, hésitant entre l’acteur mercantile ambiguë et le prophète habité.

Ce tome n’est que le premier d’un diptyque et on attend la suite avec impatience.

Ambiance polar noir et faussement ésotérique, pour la première enquête d’une jeune policière aux cheveux de feu dans le San Francisco de la maison bleu.