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Critique de L'Imprimerie du diable

par Korail le mer. 1 mai 2024 Staff

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Le diable est dans la femme

Vers 1470, dans un petit village au cœur des Alpes, tout semble compliqué : l’hiver est rigoureux, il n’y a presque plus rien à manger et les loups commencent à se rapprocher dangereusement. Reine apprend de sa mère les secrets de la nature pour soigner les villageois tandis qu’Étienne apprend à lire avec le curé du village. Et puis, surtout, Reine et Étienne rêvent ensemble, s’aiment et se font des promesses d’avenir. C’est sans compter sur le père d’Étienne qui déteste Reine et sa famille et maltraite son fils. N’en pouvant plus, Étienne fuit le village en direction de Genève où il assistera l’imprimeur. Petit à petit, il deviendra un personnage important jusqu’à aider à constituer des manuels pour reconnaître et chasser les sorcières. Leurs chemins vont donc se séparer pendant de nombreuses années.

C’est le moment de la grande chasse aux sorcières. L’imprimerie du diable permet d’établir le lien entre la répression des sorcières, des femmes dans les campagnes et les progrès de l’imprimerie. Le propos est très intéressant.

Côté dessins, évacuons tout de suite ce qui ne m’a pas trop plu dans L’imprimerie du diable : la couverture est assez austère bleue et or, pas spécialement engageante ce qui est bien dommage car elle ne rend pas grâce à la qualité des illustrations. Il y a une foule de détails dans lesquels se perdre, les personnages, les paysages, les lieux clos sont très travaillés et c’est un plaisir de s’y attarder. La dessinatrice Annabel est vraiment talentueuse, elle ne se laisse jamais aller à la facilité : il y a des mains et des rides détaillées, des plis et des coutures sur les vêtements ce qui rend l’ouvrage très immersif. On accompagne les personnages au cœur de cette histoire.

Le scénario est lui aussi de grande qualité, Virginie Grenier prend le temps de décrire le contexte, de l’expliciter, de le faire évoluer. Le parcours croisés des deux personnages principaux, leur éloignement ou leur attachement à leur culture d’origine rendent le propos riche. Ce n’est pas qu’un féminicide organisé qui nous est conté ici mais bien une histoire d’amour singulière au cœur d’un système où dominer les croyances c’est dominer le monde. Virginie Grenier réussit un scénario d’une grande richesse en évitant le double écueil du trop pédagogique et du trop romancé. J’ai vraiment pris plaisir à lire L’imprimerie du diable et je le recommande à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire, aux sorcières ou aux parcours initiatiques.

En bref

Un très bel ouvrage sur les liens entre l’essor de l’imprimerie et l’organisation de la chasse aux sorcières au XVe siècle : le parcours croisés des deux personnages principaux, Reine, guérisseuse et Étienne, imprimeur puis rédacteur de manuels pour identifier les sorcières est passionnant. Les dessins, avec une foule de détails sont très immersifs. Pour tous les amateurs d’histoires dans l’Histoire !

9
Positif

scénario très bien construit

propos clair et intéressant

dessins de qualité avec beaucoup de détails

Negatif

couverture un peu austère

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