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Critique de Trois Touches de Noir #1

par MassLunar le mer. 19 juin 2024 Staff

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Film noir, nous vous présentons nos hommages !

Le jour où il a décidé de dérober des (gros) diamants à son patron,Ethan Hedgeway pensait pouvoir disparaitre tranquillement avec sa femme et se la couler douce pour le restant de ses jours... Malheureusement,  son ex-patron, Frank Milano,  est un puissant parrain de la pègre du genre très rancunier. Bien qu'exilé au Mexique, Milano a patiemment accompli sa vengeance à travers le lent démembrement de la femme d'Ethan qu'il lui a réexpédie dans des petites boites...

Ce dernier, totalement brisé, retourne à Cleveland, le milieu dont il est originaire, et devient un indic de la police locale. Installé dans un hôtel miteux peuplé d'étranges personnages, il y fera la rencontre d'une belle créature aux ailes blessées et se retrouvera sur la piste d'un tueur en série adepte , comme par hasard,; du démembrement qui s'attaque aux pauvres âmes des bidonvilles de Cleveland.

Noir ; c'est noir, il n'y a pas grand-espoir avvec ce Quelque chose de froid premier tome autoconclusif d'une trilogie intitulée Trois touches de Noir , une trilogie préparée avec soin par Philippe Pelaez, scénariste prolifique de ces dernières années qui est déjà bien rodé dans les titres tout en noirceurs ( L'écluse, L'enfer pour Aube, Dans mon village, on mangeait des chats...) et au dessin Hugues Labiano qui exploite parfaitement un style à la fois réaliste et cassé dans ce polar colorisée ou plutôt noircisée avec efficacité par Jérôme Maffre.

Une plongée droit dans les années trente post-Depression et surtout une plongée dans le film noir, un genre dont les auteurs ont bien su puiser les codes pour cet album et auquel ils consacrent d'ailleurs un petit dossier en fin de volume. Quelque chose de froid  réchauffera le coeur des mordus d'ambiances bitumeuses et nocturnes, des rues sinistres et des crimes narrés par la voix cynique d'un pauvre bougre à la fois dur à cuir et brisé, une galerie de personnages haut en noirceurs allant de la gueule cassée à la femme fatale à la jambe de bois en passant par le tueur en série et surtout notr charismatique antihéros qui tente de ne pas laisser l'Autre déborder...

Un peu sanglant, cette bd de Pelaez et de Labiano accentue le côté corporel du film noir avec un flot de personnages brisés que ce soit le reflet presque hors-champs de l'épouse décapité dont la tête empaqueté rappelle une image iconique d'un certain film de Fincher, l'effrayante gueule du gérent d'hotel revenu de la guerre avec un masque de cuir, ou encore l'ancienne danseuse qui a perdu sa jambe...

En parallèle, Pelaez insiste sur le caractère de son héros, gangster déchu qui a tout perdu et qui peut se montrer aussi bien défendant que redoutable dans sa veangeance. Ethan Hedgeway est un personnage au bord du gouffre comme son nom peut le symboliser dont on ne sait avec certitude si il va pouvoir empécher sa soif de vegeance de devenir une soif de meurtre incontrolable. L'auteur met en valeur le côté introspectif de ce gangster dont la voix règne dans la narration de ce premier titre.

Petit regret quand au personnage du tueur en série qui passe un peu au second plan et qui trouve surtout son importance dans le rapport avec notre héros. J'aurais aimé un peu plus de surprise autour de cette figure.

Le style cassé  de Hugues Labiano sublime cette exposition de corps brisés qui se marie bien avec une intrigue passionante, sanglante, mais aussi porté par cet espèce de romantisme désespéré propre au film noir tandis que la colorisation de l'aguerrie Jerome Maffre achève de sublimer la noirceur de cet album par le biais d'un style tout en nuances de gris, de jaunes-bleutés, des couleurs nocturnes qui illuminent cette bd noire tout en la confortant dans les codes esthétiques du genre. Mentionnons également la qualité de cadrage des cases qui renforcent ce respect du film noir dont le style visuel est directement hérité de l'expressionisme allemand. 

Quelque chose de froid est donc un efficace pastiche du film noir en bd. Un emprunt respectueux, un peu sanglant qui insiste vraiment sur le caractère brisé des personnages...

Ce début de trilogie concoctée par deux excellents auteurs de bd peut avoir aisément sa place parmi les lectures embrumées par du cigare bon marché,  hypnotisés par un bon morceau de jazz-blues et enivré par de l'alcool frelaté.


Dans le même genre, je conseille l'excellent et le très beau Noir Burlesque d'Enrico Marini, la terrible série RIP et l'incontournable Sin City réédité récemment par Huggin Munnin.

En bref

Philippe Pelaez et Hugues Labiano signent un remarquable hommage-pastiche du film noir avec force et respect avec ce début de trilogie haletant, bien narré , sanglant et abimé qui devrait captiver sans problèmes les amateurs du genre criminel.

8
Positif

Un bon pastiche du film noir qui insiste sur le côté cassé des personnages dans un Cleveland nocturne et misérable

Des personnages haut en noirceur

Le charisme de l'antihéros sur le point de basculer

Negatif

Un tueur en série un poil en retrait

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