Être père et mangaka

Des mangas sur les mangakas, l'auteur a raison, il y en a déjà pas mal sur le marché. C'est justement pour ça que je n'avais pas spécialement été attirée par le titre. J'avais tort car il a son propre intérêt dans les anecdotes qu'il raconte sur lui, ses collègues et sa relation à la popularité. J'ai beaucoup aimé.

J'ai été surprise en découvrant ce premier tome de ne pas être dans l'oeuvre d'un novice mais d'un mangaka confirmé. Je ne m'étais pas intéressée à l'auteur et j'ai aimé découvrir qu'il était entre autre l'auteur du manga à succès Sayonara Monsieur Désespoir mais aussi un certain nombre d'autres depuis la fin des années 90. Cela a assis pour moi sa figure d'autorité dans ce qu'il nous raconte.

Car sous des prétextes de manga comique où un mangaka confirmé cache son métier à sa fille encore à l'école pour ne pas qu'elle se fasse embêter, il y a derrière une vraie satire du métier des plus savoureuses, avec nombre de références en plus ! J'ai ainsi beaucoup aimé découvrir le héros, Kakushi Goto, qui donne son nom à l'oeuvre et qui semble être un homme lambda quand il part au travail en costume sous le regard de sa fille, mais qui se transforme en type en tong, short et t-shirt dès qu'elle a le dos tourné. Pourquoi cela ? Parce qu'il écrit des mangas coquins et qu'il sait (imagine ?) comment cela pourrait être interprété. 

Il y a donc vraiment un message derrière ce titre qui se veut humoristique et l'est, car c'est vraiment drôle de le voir paniquer à ce point et inventer tout un tas de stratagèmes pour éviter qu'elle devine le pot aux roses. Derrière, c'est le portrait d'un homme qui sait que dans la société, il y a certes les fans, mais il y a aussi les donneurs de leçons et les médisants. Le mangaka met dont très bien en lumière avec ce héros quasi autobiographique des choses qu'il a vécu. Ainsi quand il parle de la vie en studio avec ses assistants, on y croit, idem avec ses responsables éditoriaux ou avec ses collègues mangakas qu'il évoque ou rencontre. Ça sent le vécu !

J'ai ainsi beaucoup aimé croiser Kazuhiro Fujita que l'auteur semble bien connaître, mais aussi l'entendre parler des maîtres comme Tezuka ou Umezu, voire même Togashi, si on lit entre les lignes. Ces pages où il se raconte entre les chapitres sont donc peut-être ce que j'ai préféré dans l'oeuvre car il s'y livre vraiment et on apprend plein de choses sur lui, son métier, son rapport à sa célébrité, les différences entre les mangakas, etc.

Cependant, si cela ne vous intéresse pas autant que moi, vous pouvez toujours savourer le plaisir d'une relation toute mignonne entre un père et sa fille. Le premier étant totalement fan de la seconde et faisant tout pour elle. C'est assez touchant même si dans ce premier tome, il reste nombre de questions irrésolues comme l'absence de la mère et que la petite Hime est un peu fade et sans grande personnalité pour le moment. On s'amuse vraiment plus, pour moi, sur le versant adulte avec les personnalités hautes en couleur de ceux entourant le héros.