Père...
Hell's Kitchen. Ici, on apprend à grandir vite. Mais en vérité, il n'y a qu'une leçon à retenir pour survivre dans cette jungle. Une leçon que Battlin' Jack Murdock m'a bien inculquée...
Quatre ans après la fin de sa prestation de dessinateur sur la série Daredevil publiée sous le label Marvel Knights, Joe Quesada n'en avait pas encore fini avec les aventures de l'Homme sans Peur. Il lui restait une histoire à raconter, un récit qu'il a tenu à scénariser lui-même car il y a mis des éléments personnels. Comme le titre l'indique, la figure paternelle est le thème principal de cette mini-série et Quesada l'a écrite à un moment difficile de sa vie, alors que son père malade allait le quitter. Cette situation et son travail dans les bureaux marvelliens ont fait que le titre a pris beaucoup de retard, la publication de ces six numéros s'étant étalée initialement sur trois années.
Dans Father, Quesada s'est inscrit dans la continuité du mensuel Daredevil, l'action se déroulant pendant la période Bendis, après que l'identité super-héroïque de Matt Murdock a été dévoilée dans les journaux. Daredevil a fait de Hell's Kitchen un quartier plus sûr mais en pleine vague de chaleur, des crimes atroces se déroulent, les victimes retrouvées énucléées. Parallèlement, Matt est hanté par des souvenirs de son père. Des scènes lui reviennent en mémoire...et il va se rendre compte progressivement que ces flashbacks cachent une signification profonde...
Avec Father, Joe Quesada a signé un thriller qui ne se montre pas toujours pleinement captivant...il y a quelques longueurs, des répétitions dans la narration ce qui donne un côté un peu décompressé à l'ensemble (même si cette façon d'insister sur un moment-clé trouve son explication dans la dernière ligne droite) et la création d'un groupe de justiciers latinos que je ne trouve pas particulièrement intéressants...mais qui sait tout de même se montrer efficace lorsqu'il se recentre sur l'intrigue du serial-killer, avec un suspense bien ficelé et de bons rebondissements. Le sujet du père est très bien traité, avec trois visions totalement différentes, celle de Matt Murdock, celle d'un riche philanthrope appelé Nero et celle de Maggie Farrell, une femme venue demander l'aide juridique de l'avocat.
Graphiquement, Joe Quesada anime un Daredevil plus massif que lors de son passage sur la série Marvel Knights et je trouve que cela fonctionne. Il signe ici quelques unes de ses plus belles planches, dynamiques dans l'action et aux ambiances sombres maîtrisées, notamment dans les nombreux jeux d'ombres. L'encrage de Danny Miki et les couleurs de Richard Isanove contribuent pleinement à cette réussite visuelle globale.
Et si le ton est dur, il y aussi de l'émotion...et sur ce point, les trois dernières pages et l'hommage que rend Joe Quesada à son père disparu touchent juste...
Un jour, Jack Murdock a fouillé profondément en lui pour retrouver ce qu'il avait de bon, de noble, de non corrompu. Il a trouvé son âme...et en même temps, il a sauvé la mienne...
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