Arnaque, Crime et bizarrerie
Tom King aime bien les challenges. Avec Danger Street, l’auteur se met au défi de construire un récit en mettant en scène des personnages apparus dans les “1st issue special”, série de numéros qui proposaient un nouveau héros dans chaque numéro entre 1975 et 1976.
Ainsi, Warlord, Starman et Metamorpho se rassemblent avec un plan en tête. Après avoir récupéré le casque de Dr Fate, ces derniers vont vouloir invoquer Darkseid pour le vaincre afin de montrer qu’ils sont aptes à intégrer la Justice League. Mais lors de l'exécution de leur plan, ce n’est pas le maître d’Apokolips qui apparaît mais Atlas qui se retrouve assassiné par les 3 héros. Cerise sur le gâteau, Starman tue par mégarde un jeune de la bande des casse-pieds qui traînait autour du lieu… En parallèle, un groupe de jeunes riches, nommé la Green Team recrute un présentateur télé qui s’avère être le Creeper dans le but de créer un journal télé avec des opinions quelque peu orientées…
Danger Street est une œuvre étrange. Tom King a choisi de nous narrer un thriller labyrinthique ou plusieurs intrigues se développent de son côté pour finir par faire un tout. Ce qui est hypnotisant, c’est de l’attitude des héros et des personnages autour de cette intrigue qui ont des comportements terriblement humain. En fait, plus on lit l'œuvre, plus on oublie qu’on fait face à du super héros : les pouvoirs ne sont plus vraiment des atouts, le récit tourne surtout sur la passion et remords de chacun où chaque personnage y répondra de différentes manières.
C’est malin et très prenant avec certains passages très réussis comme l’affrontement de 2 tueurs à gage avec quasiment aucun combat, un vrai passage qui illustre tout le génie et la malice de l’auteur.
Cela dit, Danger Street a également ses défauts. Son intrigue tire un peu trop en longueur où on a du mal à savoir où tout ça nous mène. Il y a peut-être 2 chapitres en trop, créant un faux rythme laissant un doute sur l’intérêt du récit. Mais tout finit par trouver une raison permettant de faire un tout intéressant qui finit de toujours désacraliser la figure du héros.
Graphiquement, Georges Fornes amène des planches réalistes tout en y mettant une petite touche de cartoony. Ce style permet d’une part de rendre plus lisible les expressions faciales tout en renforçant le côté réaliste. C’est très réussi mais ça manque toutefois de ce petit quelque chose qui rendrait cette oeuvre folle. Le fait d’avoir une conception très réaliste semble avoir bridé l’artiste.
En bref
Tom King nous revient avec une maxi série bien particulière. Danger Street est un récit choral qui s’évertue à mettre en scène tous les personnages des “1st issues special” dans un thriller humanisant l’ensemble des protagonistes. Meurtres et vengeances seront au rendez-vous d’un récit où les enjeux seront finalement bien autre part. L’histoire a un côté hypnotique tant il déconstruit les super héros pour les rendre plus humains et fragiles que jamais. Même si le récit est un poil trop long à mon goût, l’expérience est très intéressante tant l’auteur parvient à nous happer dans ce récit énigmatique où on ne cesse de se demander comment toutes ses intrigues peuvent-elles converger.
Positif
Une construction énigmatique hypnotisante
Une déconstruction du super-héros remarquable
Un récit choral équilibré
Negatif
Un faux rythme qui casse un peu la lecture
Un manque de génie sur le découpage graphique
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