Ceux qui disent et ceux qui vivent

Cet essai graphique nous amène à la rencontre des habitants de la vallée de la Roya, touchée par les crues de plus en plus fréquentes. Selon le coprésident de la commission mixte inondation dépendant du ministère de l’environnement : « une des conséquences du réchauffement climatique, c’est l’augmentation de l’évaporation marine. Elle amène un fort taux d’humidité de l’air. Les pluies deviennent plus abondantes et plus concentrées dans le temps ». Tout est dit. Les catastrophes naturelles seront de plus en plus nombreuses et toucheront de plus en plus de monde. Alors comment vivent et espèrent les habitants de ces zones à risque certain ? C’est ce que les deux auteurs cherchent à cerner au travers d’échanges avec les concernés. Ces derniers racontent comment ils ont vécu cet évènement et s’attendent à d’autres, plein de fatalité, matinée d’un peu de désespoir. L’ouvrage mêle de vraies photos et des dessins saisissants et colorés de cet endroit, de l’écosystème et des riverains, qui travaillent, élèvent des animaux, survivent à tout. C’est une plongée vertigineuse au cœur de ces destins brisés ou transformés, ces inconnus, ces anonymes, qui parlent de ce qu’ils ont enduré, mots sublimés par des dessins volontairement incisifs, aux couleurs surexposés. Sur une double page des coulées de couleur vives contrebalance les coulées de pierres et de boue, avec une voix off poétique qui dit la fureur de l’évènement. La BD nous ramène à notre petitesse face aux éléments : tempêtes, rochers, cours d’eau en furie. Une façon fulgurante d’envisager les malheurs à venir et l’urgence climatique.

Une bande dessinée du réel qui laisse voir et entendre les habitants de la vallée sinistrée de la Roya, dévastée par une bombe climatique.