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Critique de Mobile Suit Gundam - The Origin #1

par MassLunar le dim. 24 nov. 2024 Staff

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Machine de Guerre

Gundam , quel nom, quelle histoire ! Une histoire qui a récemment refait son apparition dans nos rayonnages manga grâce à l'initiative des éditions Vega-dupuis qui ont décidé de rééditer le manga Mobile suit gundam - the origin dans un format hautement qualitatif .Un excellent point de départ pour découvrir ou redécouvrir cet univers emblématique du mecha crée par Yashiyuki Tomino et dessiné ici par l'un de ses plus fidèles chara-designer Yoshikazu Yasuhiko.

Gundam , c'est d'abord une première série animée du nom de Mobile suit Gundam , parue en 1979 née de l'imagination de Yoshiyuki Tomino et produite par le studio Sunrise en collaboration avec une entreprise de jouet appelée Clover. Malgré le maigre succès de cette anime, Gundam a finit par développer une véritable fanbase qui s'est accrue avec les trois films composant la série originale puis avec d'autres anime rebootant cet univers gargantuesque à travers des intrigues se déroulant dans des mondes parallèles. Il serait difficile de faire un résumé de Gundam en quelques lignes. Nous avons en effet affaire à une franchise gargantuesque qui a acquis le statut de série culte adulé par ses fans au Japon.

Mobile Suit Gundam - The Origin #1

En France, l'univers de Gundam en comparaison à d'autres emblématiques du genre comme Goldorak n'a pas eu le même succès ou le même impact et ce malgré la première édition de Mobile Suit Gundam - the origin chez Pika , une première édition qui comptait jusqu'à 24 tomes incluant un épilogue complémentaire ainsi que des passages supplémentaires sur le passé de ce " méchant" charismatique qu'est Char Aznable.

Pour autant, malgré son succès plus relatif dans notre pays, il serait dommage de bouder Gundam car ce titre n'est pas une simple référence du manga de mecha ou d'anime de mecha. C'est beaucoup plus que cela. Mobile suit Gundam n'est ni plus ni moins qu'un manga de guerre spatiale épique et plus complexe qu'il n'y parait, une référence qui a provoqué une rupture majeure dans le paysage des anime de robots à l'orée des années 80.

Alors que jusque là , les anime de mecha mettait en valeur des robots superhéroiques, Gundam imposait une machine qui devait être piloté de l'intérieur , par un civil , et qui est avant tout un instrument de guerre. Cette prestigieuse édition concoctée par Vega-Dupuis vient remettre sur le devant du rayon cette référence majeure qui prouve que des licences comme Evangelion voir même Shingeki no kyojin n'auraient peut-être pas vu le jour sans l'aura immense du gundam. Sans doute une influence majeure.

Plus qu'un mecha, Gundam est d'abord une série de guerre qui nous entraine dans un conflit intergalactique entre deux bastions de l'espèce humaine : la Fédération et la Principauté de Zéon, une ancienne colonie sous l'égide de la Federation qui a depuis déclaré son indépendance. Ces deux puissances utilisent chacune des robots pilotés de l'intérieur, des Mobiles Suits. L'intrigue débute en l'année 79 du Siècle Universel. Des soldats de Zeon dirigés par le redoutable Char Aznable ont eu vent d'une technologie secrète d'armement préparée par la Fédération. Ils s'infiltrent au coeur de la colonie spatiale 7 qui, jusque là, s'était tenue à l'abri de la guerre. Mais la bataille finit par rattraper les civils de la colonie lorsque les soldats de Zeon vont tomber nez -à-nez avec un nouveau prototype de robot de guerre : le Gundam...

La  guerre éclate sur Side -7. Amuro Ray , un jeune civil ingénieux croise alors la route du Gundam alors qu'autour de lui, tout est en train de s'effondrer. Fuite ou combat ? Au péril de sa vie et de celle de ses proches, le jeune homme, dépassé par les évènements, devra très vite faire un choix.

Haletant de bout en bout, ce premier tome de cette nouvelle édition de Mobile Suit Gundam - the origin est pleinement concentré sur la fuite d'Amuro et des civils de la colonie Side-7 à bord du vaisseau de la Fédération : le White Star. Dans cette fuite vers la Terre, les personnages sont tous bien introduits bien qu'il faudra sans doute un peu de relecture pour s'y retrouver.

Mobile Suit Gundam - The Origin #1

Après quelques pages introductive où des couleurs bleu azurés cèdent la place à des cramoisis alarmants, Gundam nous plonge sans transition dans son univers à travers cette colonie sur le point de s'effondrer alors que les Zakus (les robots de Zeon) se heurtent au Gundam. Ce dernier fait une apparition remarquable, aux antipodes du robot super héroïque. Le gundam se dévoile dans une aura menaçante, surgissant de l'ombre pour tirer sur les soldats de Zeon. Son apparition est totalement déshumanisée puisqu'on ne voit pas du tout le capitaine de la Fédération en train de piloter.

Dès ses premiers chapitres, ce premier tome instaure un climat tragique. Les morts et les larmes pleuvent tandis qu'Amuro et ses amis tentent de s'enfuir de leur colonie natale. Gundam est remarquable par la densité dramatique que son créateur Tomino-san a su mettre en oeuvre, loin de vouloir glorifier une quelconque puissance militaire. D'ailleurs, on appréciera le fait que Gundam est une oeuvre qui n'hésite à montrer le point de vue des soldats de Zeon, les "méchants" que celui de la Fédération. Bien que l'intrigue se suit en grande partie du point de vue d'Amuro, de son amie d'enfance Fraw Bow ou de l'équipage du White Star, on notera une présence non négligeable du charismatique Char Aznable, le "Darth Vador" de Gundam en quelque sorte dont le visage masqué , le sourire énigmatique et ses talents tactiques et de pilotage en font un adversaire mémorable.

Mobile Suit Gundam - The Origin  se démarque par la fine écriture de ses personnages à commencer par Amuro et Char. Amuro est en quelque sorte le précurseur ( en moins pleurnichard) de Shinji de Neon Genesis Evangelion. C'est un jeune homme qui est à la base un simple civil, ce n'est pas un soldat de formation. Il se rue dans l'habitacle du Gundam pour sauver sa peau, ses amis mais aussi pour en découdre avec le soldat de Zeon qui, pris de folie, s'est attaqué aux habitants. Il agit par pur instinct mais ce n'est pas forcément un héros docile et brave comme en témoigne son rapport houleux avec le lieutenant Bright.

Ce dernier est un noble militaire qui gravit un peu trop rapidement les échelons après une blessure critique de son supérieur. Susceptible et un tantinet méprisant, le lieutenant Bright possède pourtant une certain autorité et des valeurs qui contraste avec son caractère un peu énervé à l'égard d'Amuro.On relèvera aussi le personnage de Fraw Bow, l'amie d'enfance ( sans doute enamourée d'Amuro) assez touchante au moment où le cataclysme s'abat sur la colonie mais qui fait preuve d'un réel courage. Espérons que son rôle sera plus étoffé dans la suite de la série.Enfin, nous n'allons pas revenir sur Char, la comète rouge, le jeune capitaine au service de Zeon qui dégage à la fois une aura de mystère et de menace à l'instar de sa sœur, passée dans le camps des Fédérés.

De nombreux personnages gravitent autour de cette guerre intergalactique, il serait trop long de tous les résumer, mais précisons que Tomino a la réputation de ne pas hésiter à sacrifier ses personnages alors attention à ne pas trop s'attacher à eux…

Côté dessin, Yoshikazu Yasuhiko est un mangaka confirmé en plus d'avoir travaillé sur Gundam depuis le début. Il connait très bien le chara-design des personnages dont il a respecté le style old-school tout en insufflant une vitalité à ce manga qui, rappelons-le , est adapté de la première série de 1979 ! 

Le découpage est carré, précis, de quoi donner de la force et de la solennité à cette œuvre intemporelle tandis que le degrés expressif des personnages est remarquable. Notez la détresse de Fraw Bow face à la perte de sa famille ou encore le regard de colère d'Amuro face au soldat Zeon. De plus, la colorisation de cette superbe édition donne beaucoup de puissance et de hargne à certains passages : la peur du capitaine mourant face à l'arrivée de Char, l'atterrissage sur Terre qui cède la place à un nouvel adversaire...  La lecture est un régal de bout en bout même si certains lecteurs sauront peut-être moins réceptifs au style old-school de certains personnages.

Côté édition, Vega-Dupuis a choisi de calquer son format sur une version deluxe parue aux Etats-Unis : format 21 x 15, édition relié et rigide, papier de qualité sans transparence... Ce manga de mecha fondamentale a droit à un bel habillage. Cette nouvelle édition concentrera douze volumes au prix de 29 euros. Certes, c'est un titre qui peut paraitre onéreux mais en comparaison, cela équivaut à environ quatre tomes d'une longue série shonen... Donc à voir suivant vos priorités d'achats. 

Au final, cette nouvelle édition deluxe d'un manga de mecha patrimonial est une excellente occasion de découvrir un titre majeur du genre : le début d'une série de guerre épique, nuancée, porté par des personnages forts et où le robot n'est plus un héros mais une véritable machine de guerre.  

En bref

Un grand plaisir de découvrir Gundam. Les éditions Vega signent là une belle occasion de découvrir ou redécouvrir un manga de mecha fondamental, le premier qui a imposé la figure du robot de manière "réaliste" et non pas héroique. Un titre majeur dans une bibliographie manga.

9
Positif

Une réédition aux petits oignons

Une référence fondamental du manga de mecha qui garde toujours sa fraicheur et se démarque par son ton volontiers tragique et sa peinture de la guerre

Le style maîtrisé de Yoshikazu Yasuhiko

Des personnages forts pour un début de série immédiat

Negatif

Une entrée en matière qui ne fait pas de cadeaux et nécessitera peut-être un peu de repérage

Le style old-school des personnages (bien rafraichi toutefois par rapport à l'anime) qui risque de rebuter certains lecteurs

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