Le F de fantôme !

Amateurs de culture, qui n'a pas entendu parler du Fantôme de l'Opéra roman de Gaston Leroux du siècle dernier. Mainte fois repris dans la culture populaire, son histoire est passée au rang de mythe. Il est donc toujours plaisant de voir de jeunes auteurs se la réapproprier. 

Autrice habituée des pages du Cheese! au Japon, Mio Nanao n'a pourtant qu'une seule de ses séries disponible en français : Mangaka and Editor in love, où déjà il y a près de 10 ans, elle aimait se plonger dans des relations en lien avec la littérature. C'est avec une série en cours depuis 2021, comptant 6 tomes au Japon, qu'elle revient donc dans un classique du genre.

Décor parisien, jeune orpheline, chanteuse prodige isolée, mystérieux jeune homme masqué jouant les fantômes dans les coulisses du célèbre Opéra Garnier, voici les premiers ingrédients de ce qui s'annonce comme une romance dramatique. Avec de beaux dessins fins et romantiques, l'autrice nous invite à plonger dans le quotidien de Christine une aspirante soliste qui chante mieux qu'elle ne joue la comédie, ce qui est embêtant à l'Opéra, mais vu que c'est son rêve depuis toute petite et qu'elle souhaite faire plaisir à son père disparu, elle insiste. C'est là qu'elle rencontre le mystérieux F qui va lui offrir son aide sous condition. 

Assez classiquement et peut-être de manière un peu lisse et prévisible, l'autrice nous invite dans cette romance dramatique avec un décor réussi mais trop rapidement esquissé et peu creusé. On y retrouve les jalousies et rivalités habituelles. On a le cliché de l'héroïne douée mais isolée, ainsi que du beau gosse ténébreux gentil et mystérieux. Les avancées de l'histoire sont facile à suivre mais justement peut-être un peu trop. Il n'y a pas la moindre aspérité, on est en plein dans ces histoires à la Gavroche qui pullulent. Alors c'est mignon, c'est gentil, mais on cherche la profondeur.

En plus, ce premier tome est doté d'une très long premier chapitre qui occupe la majeure partie de l'histoire. C'est parfait pour présenter les personnages, les lieux et lancer l'histoire, mais cela empêche celle-ci d'avoir pleinement de nouveaux enjeux venant densifier et dynamiser le récit. Là, on se contente de la rencontre, de la promesse et d'un début d'aide, ainsi que d'un avertissement bien senti. Je m'attendais à un peu plus, plus de tension, plus de noirceur.

En bref

Gentille réinterprétation sur le motif du roman de Gaston Leroux, ce shojo signé Mio Nanao est très classique en soi, avec les débuts de ce qui sera une romance dramatique voire interdite dans un milieu compétitif avec des personnages ''à la Gavroche'' entre notre orpheline et son compère masqué. Les dessins sont fins et jolis mais l'ensemble manque cruellement de profondeur et d'aspérité. C'est mignon mais trop lisse.

6
Positif

De joli dessin

Le cadre de l'opéra

La reprise du mythe

Negatif

Une narration trop simple et superficielle

Un récit qui manque d'enjeu fort pour le drame annoncé

Des personnages trop stéréotypés

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