Impuissants...

Voilà maintenant six ans que j'ai arrêté de lire les séries DC régulièrement...et j'ai fait la même chose avec les comics Marvel les mois qui ont suivi. Un gros ras-le-bol, plus assez de titres qui m'intéressaient tout comme l'évolution prise par ces deux univers super-héroïques. Ca ne m'a pas vraiment manqué, j'ai juste suivi les rares bouquins qui se démarquaient vraiment comme le Immortal Hulk de Al Ewing chez Marvel. Pour DC, il y a quand même des choses qui m'ont fait de l'oeil ces derniers temps, surtout lorsque l'on retrouve des noms comme Mark Waid et Dan Mora dans les crédits. 

Alors, est-ce qu'un lecteur qui n'a pas lu du DC depuis longtemps peut se plonger dans un event comme Absolute Power sans problèmes ? Pour moi la réponse est en grande partie oui (à quelques petites exceptions près). Déjà parce que Urban fait comme souvent un excellent travail éditorial avec un article de deux pages qui résume l'essentiel de ce qu'il faut savoir. Et parce que le sujet même de l'intrigue concoctée par Mark Waid s'intègre dans la longue histoire de l'une des antagonistes les plus jusque-boutistes des super-héros de l'univers DC. Après tout, dans toutes ses déclinaisons, sur papier et à l'écran, Amanda Waller restera toujours Amanda Waller. 

Amanda Waller a toujours tiré les ficelles dans l'ombre et grâce à une propagande bien huilée, à base de fake news et de manipulation des images, elle a réussi à retourner une partie de l'opinion publique contre les héros. Thème fort...et très actuel. Le sommaire débute par trois préludes, qui font le point sur les alliés (le Bat-Robot Failsafe, que je découvre ici, me fait dire que Batman n'a toujours pas appris de ses erreurs des années après La Tour de Babel) de Waller, qu'ils partagent ses opinions et ses méthodes ou non (le parcours de Dreamer, torturée par son affiliation forcée à l'organisation de Waller, ne manque pas d'intérêt). Plus étonnant est la participation de Green Arrow, qui se retourne ainsi contre ses amis, déchirant sa famille...mais je me dis qu'il y a certainement anguille sous roche...

Le premier chapitre d'Absolute Power commence de manière percutante. Le piège qui se referme autour des héros est implacable et la vision d'un Superman blessé amplifie cette sensation de danger. Waid maîtrise son casting pléthorique, les rebondissements s'enchaînent avec une belle efficacité, c'est palpitant et avec ses pages puissantes, Dan Mora confirme qu'il est bien l'un des meilleurs dessinateurs de super-héros du moment. La suite est un chouïa plus inégale selon les scénaristes et les dessinateurs impliqués et la structure fait qu'il y a un petit côté répétitif dans le fait d'alterner les points de vue et les combats contre les androïdes Amazos de Waller mais l'ensemble reste tout de même prenant jusqu'au bout. 

J'ai une préférence pour les segments consacrés à Green Lantern (et je reste client du style de Fernando Pasarin), à la Doom Patrol qui fait équipe avec Aquaman en Atlantide et à la JSA (notamment grâce à l'évolution vécue par l'un des Amazo). Un peu moins pour les épisodes avec Wonder Woman (les dialogues donnés à l'ennemi finissent par être très ennuyeux) et la famille Shazam (les dessins de Caitlin Yarsky sont assez faiblards). Dans ces épisodes, il y aussi un bon fil rouge avec Steve Trevor qui donne un rôle actif au militaire.

Ce premier tome se referme sur la deuxième partie de la mini-série Absolute Power. Alors que les héros pansent leurs plaies à l'intérieur de la Forteresse de Solitude de Superman, la résistance s'organise...et j'ai apprécié l'importance donné aux jeunes (un beau moment) alors que les aînés se prenaient un peu trop la tête sur des questions de leadership. Le rythme est encore une fois soutenu et la deuxième moitié de l'épisode très intense...avant une dernière case qui amène enfin une petite lueur d'espoir...