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Critique de Yashirojima, la forêt des rêves perdus #1

par Tampopo24 le dim. 16 févr. 2025 Staff

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Douloureux rêves du pays du soleil levant

Comme beaucoup de lecteurs de mangas, je pense, j'ai un certain goût pour l'Histoire du Japon mais aussi pour son imaginaire et ses rêveries fantastiques. Alors un titre comme Yashirojima répond parfaitement à mes attentes et m'offre cette brève incursion qui me permet de m'évader le temps d'une lecture.

Oeuvre originale conçue pour Vega, elle est également la première oeuvre de son autrice Kaeru Utagawa et si cela se ressent dans un dessin encore en recherche de justesse et d'identité, car il est très inspiré d'Otomo sur plusieurs points, cela reste cependant une oeuvre fort agréable à découvrir et avec un vrai point de vue. En effet, Kaeru a fait le choix, ici, de nous proposer un recueil d'histoires fantastiques, entre rêves et réalité, où elle invite le lecteur à pénétrer dans ce Japon secret et parfois méconnu. 

Comme dans nombre d'oeuvres fantastiques, elle ouvre celle-ci par un personnage qui, façon Alice ou comme les soeurs dans Totoro, vient se perdre en suivant un animal métaphorique, ce dernier cependant appartient au bestiaire fantastique asiatique : c'est cette espèce de tapir dévoreur de rêve. Cela donne de suite le ton !

La suite du voyage sera une rencontre avec trois histoires, trois hommes, trois rêves malmenés par le rêve et la réalité où nous croiserons des figures connues comme le tanuki au cours d'un de ces fameux mariages de renards en préparation, mais aussi des onis aux portes de l'enfer ou encore ces petits êtres en nous, comme les figures des cartes de karuta dans Chihayafuru, qui sont un peu notre conscience. Elle entremêle ainsi des hommes cherchant leur destinée ou en réflexion sur la portée de leurs actes passés avec des figures de rêves qui les mettent face à leurs responsabilités, que ce soit un Occidental passionné du Japon et de photos, un jeune apprenti tatoueur un peu dilettante ou un ancien soldat ayant participé à un massacre...

Cependant malgré la longueur factuelle des histoires, j'ai souvent trouvé celles-ci trop brèves. Elles auraient mérité d'être exploités le temps d'une plus longue histoire, qui aurait ainsi pu permettre au contexte historique vraiment intéressant, notamment dans les deux dernières, de pleinement être exploité. En effet, la mangaka évoque des pans méconnus de l'Histoire du Japon comme la prohibition des tatoueurs avec cette loi anti-tatouage du début XXe, ou la révolte des Aïnous contre le clan Matsumae à la botte du shogun. Ce sont des sujets très intéressants mais totalement survolés ici, même si on comprend bien l'émotion qu'ils ont suscité, ce qui est fort joliment rendu dans les histoires douces amères qui les portent avec les figures mélancoliques choisies par l'autrice, mais c'est frustrant de ne pas en avoir plus... 

En bref

Fort sympathique première proposition, Yashirojima est une vraie invitation à partir dans les interstices de l'Histoire et la culture fantastique du Japon à travers trois histoires poignantes et contés avec poésie entre drames présents et rêves introspectifs. J'ai autant aimé le ton et l'invitation que j'ai été frustrée du trop peu d'exploitation du cadre historique méconnu découvert que j'aurais voulu encore plus riche. C'est cependant une belle découverte d'une artiste qui se cherche encore mais qui a réellement quelque chose à dire.

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