...au lieu de caner en silence, j'ai décidé de prendre la route et d'aller tuer la mort...
Après la série Middlewest et la mini-série Celui que tu aimes dans les ténèbres (deux titres également publiés en France chez Urban), Skottie Young et Jorge Corona ont reformé leur duo l'année dernière pour une nouvelle mini-série, un récit hybride qui arpente les chemins poussiéreux du western pour les amener dans une dimension fantastique. Les titres des chapitres de Aucune tombe assez profonde reprennent les étapes du deuil...déni, colère, marchandage, dépression, acceptation...sauf qu'ici le personnage principal n'est pas encore passé de l'autre côté, elle évolue sur une corde très fine, un numéro d'équilibriste entre la vie et la mort...
Revolver Ridge Ryder était la plus célèbre des pistoleros, une bandit de grand chemin à qui aucun train, aucune diligence, aucune banque ne résistait...tout en semant les cadavres sur son passage. Mais elle a changé grâce à l'amour du brave Darius et à la naissance de leur fille. Ryder a vécu plusieurs années loin de la violence de sa vie précédente...jusqu'aux premiers signes d'une maladie incurable, surtout en cette époque lointaine. En combattant qu'elle est, Ryder ne veut pas se laisser faire et elle compte bien régler ses comptes avec la mort elle-même...
La réalité se mêle aux légendes dans ce voyage sur des terres d'où personne ne revient. Skottie Young ajoute des références mythologiques au parcours de Ryder. La noirceur qui caractérise sa quête est souvent équilibrée par des flashbacks lumineux du temps où tout allait encore bien pour elle et sa famille...même si il n'y a pas que des bons moments. Ces retours vers le passé sont très bien intégrés par Skottie Young à l'histoire principale, sans provoquer de chutes de rythme ou de coupure brutale car ils enrichissent la caractérisation d'une femme à la recherche de la rédemption, d'une autre chance, et que l'on apprend à connaître au fil des pages.
Graphiquement, Jorge Corona livre un travail splendide, parmi ses plus belles pages (avec de belles nuances de Jean-François Beaulieu aux couleurs). J'aime beaucoup l'expressivité de ses personnages, son sens du détail aussi bien dans les costumes que les décors, le côté un peu exagéré des gerbes de sang dans les gunfights, l'aspect qu'il donne aux créatures de l'autre monde. Skottie Young laisse souvent exprimer les dessins de son compère lors de cases muettes qui privilégient l'atmosphère, culminant en un quatrième épisode presque entièrement sans paroles (ce qui peut s'avérer rapide à lire mais c'est efficace).
Pour ma part, j'ai donc une nouvelle fois adhéré à cette collaboration entre Skottie Young et Jorge Corona, ce mélange des genres qui s'appuie sur les passages obligés du western, comme le duel final qui se referme sur des instants touchants avant une implacable dernière double page.
En bref
Les recherches et croquis de Jorge Corona et une galerie de couvertures régulières et alternatives sont disponibles en bonus en fin de volume.
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