Le mauvais fils
La couverture interpelle, la position du cheval et du cavalier, ayant comme un air de déjà-vu. Et en effet, Anthony Pastor a choisi pour sa couverture, de reprendre « L’officier de chasseurs à cheval de la Garde impériale » de Géricault, pour montrer, comme le soldat refusant la charge, les doutes et le refus d’un destin tracé, par son héros, Billy. On ne mesure souvent pas le travail, dans la recherche, les tâtonnements, le soin nécessaire mis par les dessinateurs, pour arriver au rendu souhaité. Avec Anthony Pastor, on saisit au moins, dans le résultat, l’extrême complexité structurelle de la réalisation en couches successives, pour aboutir à un résultat qui semble parfaitement évident. Un exemple, la case pleine page, où Billy est allongé, alangui, abandonné, sur la tombe de sa mère. Ciel et terre se mêlent dans des tons voisins ; Immensité horizontale, brisée seulement par un bout de bois vertical, quasi anonyme, marqué seulement des initiales M.L. A la fois tragique et magnifique.
Peu de dialogues dans ce récit tendu, où un jeune cowboy rentre chez lui, prévenu que sa mère est morte et déjà enterrée, à l’écart du cimetière du village. Ancienne prostituée devenue un temps maîtresse d’école, puis retournée, par force, à sa vie d’avant, elle reste une paria. Billy ne sait pas qui est son père, entre le grand propriétaire Ford et son homme de main, Thorpe. Il sait bien, lui, qui il choisirait : le même que sa mère aurait choisie.
Ce western tragique décrit la société patriarcale de cette époque. Dans ce monde rude, la vie d’une femme, un féminicide, ne vaut guère plus, ou même moins, que la vie d’un cheval. Billy a été élevé par ces deux hommes pour prendre leur suite, résoudre, comme eux, leurs problèmes dans le feu et le sang. Sans remord. Mais Billy n’est pas fait de ce bois et son refus ouvre peut-être la voie à autre chose. Toujours et jusqu’au bout, les tableaux, car on peut parler ainsi des planches de Pastor, donne un éclairage et une puissance dramatique au récit.
Un western tragique et dense, avec tous les codes du genre, mis en image de manière exceptionnelle. Un must-have.
En bref
Un western tragique et dense, avec tous les codes du genre, mis en image de manière exceptionnelle. Un must have.
Positif
Un dessin et des couleurs exceptionnelle
Une histoire dramatique et prenante
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