Critique de Mary Bell, l'enfance meurtrière
par juju le mer. 19 mars 2025 Staff
L'un des faits divers les plus marquants
Résumé : Mary Bell, l’enfance meurtrière nous entraîne dans une plongée troublante et sans concession dans l’un des faits divers les plus marquants de la Grande-Bretagne du XXe siècle. En 1968, à Newcastle, Mary Bell, une fillette de 11 ans, est reconnue coupable du meurtre de deux jeunes garçons, Martin Brown (4 ans) et Brian Howe (3 ans). Condamnée à la prison à perpétuité, son cas choque par sa brutalité et soulève une question dérangeante : comment une enfant peut-elle commettre de tels actes ? C’est à cette interrogation que Théa Rojzman et Vanessa Belardo tentent de répondre, en s’inspirant notamment des travaux de la journaliste Gitta Sereny, qui a rencontré Mary Bell des années après sa libération.
Le récit s’articule autour de deux temporalités principales : le présent, en 1995, où Gitta Sereny convainc Mary, désormais adulte et mère, de revenir sur son passé, et des flashbacks qui dévoilent peu à peu l’enfance cauchemardesque de la protagoniste. Théa Rojzman, dont l’écriture est souvent habitée par une quête de compréhension des racines de la violence adopte ici une approche à la fois documentaire et psychanalytique. Elle ne cherche pas à excuser Mary, mais à explorer les mécanismes qui l’ont menée à l’irréparable. On découvre ainsi une fillette rejetée par une mère prostituée et toxicomane, victime de maltraitances physiques et psychologiques, et exposée à des abus inimaginables. Ces révélations, distillées avec une tension croissante. Le rythme de la BD est particulièrement lent mais il permet quand même d’installer l’ambiance et la tension.
Rojzman pose des questions essentielles : naît-on mauvais ou le devient-on ? À quel âge est-on responsable de ses actes ? Le système judiciaire, expéditif à l’époque, est implicitement critiqué pour avoir ignoré le contexte de vie de Mary, préférant la diaboliser plutôt que de chercher à comprendre. Pourtant, l’album ne prend pas parti de manière tranchée : il laisse le lecteur face à ses propres réflexions, entre empathie pour une enfant brisée et horreur face à ses crimes.
Le dessin de Vanessa Belardo, à la fois réaliste et expressif, sert admirablement ce récit sombre. L’artiste italienne joue sur les ombres et les couleurs ternes pour restituer l’atmosphère oppressante de Newcastle, ville industrielle grise et désolée
Au final, Mary Bell, l’enfance meurtrière est une bande dessinée magistrale, mais exigeante. Théa Rojzman et Vanessa Belardo signent un récit qui ne laisse pas indemne, mêlant enquête journalistique, introspection psychologique et réflexion sociétale. C’est une œuvre qui interroge la violence, ses origines et ses échos, tout en mettant en lumière les failles d’une société incapable de protéger ses enfants – qu’ils soient victimes ou bourreaux. Un album marquant, à la fois dérangeant et nécessaire.
En bref
Mary Bell, l’enfance meurtrière est une bande dessinée magistrale, mais exigeante. Théa Rojzman et Vanessa Belardo signent un récit qui ne laisse pas indemne, mêlant enquête journalistique, introspection psychologique et réflexion sociétale. C’est une œuvre qui interroge la violence, ses origines et ses échos, tout en mettant en lumière les failles d’une société incapable de protéger ses enfants – qu’ils soient victimes ou bourreaux. Un album marquant, à la fois dérangeant et nécessaire.
Laissez un commentaire
Commentaires (0)