Fleurs et fantômes

C’est avec une belle sensibilité que l’histoire se poursuit avec un virage aussi surprenant qu’émouvant dans ce tome décidément fort réussi.

Haruka Kawachi nous offre décidément une plongée dans l’âme délicate de ses personnages toute en finesse face à la tristesse de ce deuil maladroit après une longue maladie. Elle aborde toutes les étapes au fil du temps qui passe et des rencontres entre Rokka et son employé amoureux d’elle. Avec sincérité, elle montre toute la vulnérabilité et l’ambiguïté de cette dernière qui vacille peu à peu mais ne veut pas non plus être celle qui oublie son passé, car c’est la mort et non l’absence d’amour qui les a séparés. Alors tout est prétexte à se rappeler et en même temps, sans qu’elle le veuille ou le cherche, son coeur avance tout de même, désirant de nouvelles choses.

En face, quelle riche et émouvante idée, de nous avoir mis le fantôme de son mari. Celui-ci est déchirant. Vivant, il était froid et semblait sûr de lui. Dans la mort, toutes ses vulnérabilités sont ressortis. Alors il est le juge privilégié de ce qui se passe. Il voit Rokka retrouver une nouvelle jeunesse mais il ne veut pas non plus qu’elle l’oublie, après tout là aussi, ce n’est pas l’absence d’amour qui les a séparés…

C’est pourquoi, j’ai adoré le développement fantastique de ce tome où il se met à occuper le corps de Ryosuke tandis que celui-ci vogue dans les souvenirs des contes imaginés par Atsushi de son vivant. C’est très poétique, sensible. On sent chacun vaciller, ne pas savoir où aller, que faire, ne voulant rien brusquer et en même temps ne voulant pas effacer ses sentiments. C’est poignant. L’autrice a imaginé des scènes du quotidien qu’elle subjugue à travers cette valse des sentiments maladroites. Une coupe de cheveux, des lentilles, un tour à la salle de bain, tout prend une autre teinte et le lecteur n’en est que plus ému à son tour.