(En)quête à Cuba.

Dès le départ, L’île Crocodile est un bel objet : la couverture glacée est travaillée, elle met en valeur Ernesto, le héros de cette histoire, sa tortue Totem (qui donne son titre à ce tome) et un fond forêt avec des animaux et des êtres étranges. On oscille donc entre la réalité tangible et les êtres d’une autre nature. Le papier est par ailleurs de très bonne qualité, la prise en main est donc vraiment agréable.

Ernesto vit en Floride, il est métisse d’un père américain et d’une mère haïtienne, ce qui n’est pas toujours simple dans ses relations aux autres. Pour son anniversaire, son père Jack lui propose un voyage. Ernesto voudrait partir à la recherche de ses origines en Haïti mais ce sera Cuba. Le Cuba de la fin de Batista. Il y part, un peu à contre cœur, avec son totem tortue mais sur place, il va se laisser charmer par les lieux et les sensations. Là, Ernesto va aussi rencontrer Paloma, une jeune fille pétillante au passé chargé qui va lui montrer la grotte du massif de l’Escambray.

Beaucoup de questions se posent pour ce premier opus : pourquoi les berceuses se répondent ? Qu’a à nous révéler le totem tortue ? Et le collier ? Qui est cette femme avec le bébé ? Le voyage subi d’Ernesto devient peu à peu quête initiatique et on a très envie de découvrir la suite et de comprendre.

L’ambiance de Cuba avant la révolution, les personnages adolescents couplés à un vrai sens du scénario et des indices font de cet album un vrai moment de plaisir, plutôt à destination des adolescents et des jeunes adultes.

Mais ce qui le rend particulièrement agréable, ce sont les dessins de Grégory Charlet. Tout est beau : les personnages, les couleurs, les émotions, les paysages comme les intérieurs ; même le ciel a un rendu très doux. C’est un vrai plaisir pour les yeux.

Un scénario bien mené et des dessins d’une grande qualité : il y a là les ingrédients d’une quête initiatique adolescente vraiment réussie. Vivement la suite !