Un précieux récit de l’après guerre
Les enfants de Buchenwald racontent le destin de quatre enfants après la libération du camp de Buchenwald où ils ont réussi à survivre grâce à la solidarité des autres prisonniers.
Lors de la libération du camp, les Américains découvrent les horreurs vécues mais aussi 1000 enfants, orphelins pour la plupart et qui ne savent pas où aller. Les enfants de Buchenwald raconte la prise en charge et la reconstruction de ces enfants. Ce n’est donc pas un livre sur le camps, c’est un livre sur l’après camp, c’est beaucoup plus rare et cela le rend particulièrement précieux.
Après la libération, l'OSE (Œuvre de Secours aux Enfants) va donc prendre en charge les enfants rescapés de Buchenwald et essayer de leur trouver une famille ou une solution. On va suivre le sort de quelques enfants sur les 426 accueillis dans la maison d’Ecouis en Normandie. J’ai beaucoup aimé la représentation sans angélisme des protagonistes. Ces enfants sont durs, ils sont en colère et ne sont pas prêts à rentrer dans le rang. La résilience est un long chemin, c’est bon de le rappeler. Elle advient peu à peu, notamment grâce à la générosité de leurs éducatrices qui cherchent sans relâche des solutions pour qu’ils se sentent mieux, pour qu’ils arrivent à se raconter ou pour qu’ils retrouvent des membres de leurs familles avec les quelques indices qu’elles ont à disposition.
Côté scénario, le choix de l’autrice, Dominique Missika, a été d’inventer des personnages à partir des témoignages des enfants de Buchenwald. Aussi les enfants représentés incarnent-t-ils les traits et/ou les expériences d’un grand nombre de ces enfants. Cela lui a permis de ne pas choisir qui avait une histoire intéressante à raconter mais de les représenter tous. Je trouve que ce choix est très intéressant d’un point de vue historique. Les quatre enfants principaux : Zeev, Fischel, Aron et son petit frère Chaïm n’en sont que plus attachants et on ressent beaucoup d’empathie pour eux. Leurs histoires, en ce qu’elles sont la somme de divers témoignages dépassent l’expérience individuelle pour acquérir un statut beaucoup plus universel. On ressort extrêmement touché par la lecture de cette œuvre, par Zeev qui retrouve une photo de sa sœur dans une exposition, par Fischel, le plus grand d’entre eux qui ne peut se résoudre à perdre l’espoir de retrouver sa mère et sa sœur, par le récit de la mort de son père…
Côté dessin, Anaïs Depommier a réalisé un travail de documentation considérable grâce à de nombreuses photographies mais aussi à des archives vidéos qui ont été précieuses dans les choix effectués. Cela donne un dessin au plus proche du réel avec des personnages très différents les uns des autres. En même temps, son trait est suffisamment simple pour convenir à un public adolescent.
La BD Les enfants de Buchenwald est un livre indispensable sur les suites de la guerre, sur la reconstruction patiente de chacun, sur les étapes qui ont permis à ces enfants malmenés de retrouver un peu les goût de l’enfance. A l’heure où les politiques de haine et de stigmatisation de certains groupes sévissent, le devoir de mémoire me semble encore et toujours indispensable. A mettre entre toutes les mains.
En bref
Un livre très émouvant sur le destin des enfants de Buchenwald après la libération du camp et sur le travail de l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants). Une œuvre au plus près de la réalité sans angélisme. Une très belle découverte dont on ne ressort pas intact : à mettre entre toutes les mains.
Positif
choix d'un moment de l'après-guerre
découverte du travail de l'OSE
personnages très attachants
documentation historique
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