Et le bambou sauvera le monde

Voici un reportage extrêmement intéressant et sans doute le meilleur de ces derniers mois sur Mayotte. Ayant vécu quelques années sur l’île au parfum, je ne me revendique pas comme un spécialiste de l’île, mais il a été tellement dit et fait de « bêtises » sur l’archipel et que c’est avec soulagement que je découvre cet ouvrage extrêmement bien fait.

Ce reportage montre avec une certaine acuité que tout est lié et a fortiori encore plus sur une île ; Bidonvilles galopants, politiques migratoires contestables, incapacité des pouvoirs publics, érosion des sols, usage de matériaux inappropriés...

Au delà du diagnostic des problèmes de Mayotte qui sont très bien expliqués, on est tout de suite exposé devant des solutions qui existent, des pratiques déjà en œuvre voire éprouvées depuis les années 80, mais marginales alors qu’elles peuvent répondre à ces enjeux majeurs qui ne concernent pas que Mayotte.

Les réponses, les débuts de solution sont sous nos yeux et comme d’habitude nous regardons tous ailleurs. Les pouvoirs et publics et choix politiques n’en ressortent pas grandis.

Cet album interroge sur les façon de vivre le monde, d’incarner le rapport à l’autre et la nature sans tomber dans une quelconque caricature écologisante. Il est un chemin vers des réponses.

Le dessin d'Aurélie Aurita est subtil, pris sur le vif comme une urgence. Les propos de l'architecte, Matthias Cambreling, et de l'anthropologue Frédéric Joulian, ne tombent jamais dans la béatitude ou la caricature et laissent toute la place aux mahorais. Il y a un profond respect dans toutes les rencontres.

En vous procurant cet ouvrage vous aurez enfin un discours clair, neutre et précis sur la situation particulière de Mayotte et en plus vous ferez une bonne action dans le cadre de la reconstruction de l’île.