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Critique de The New World

par Ben-Wawe le mer. 14 mai 2025 Staff

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A mi-chemin entre Roméo & Juliette et Bonnie & Clyde, une romance révolutionnaire touchante qui égratigne notre monde sous couvert d'une projection science-fictionnesque

L'éditeur HiGraphics propose une nouvelle mini-série puissante et prenante, diffusée initialement en version originale par Image Comics. The New World est une mini-série de cinq épisodes publiée entre 2018 et 2019, créée par les auteurs Ales Kot, Tradd Moore et Heather Moore. Ales Kot, d'origine tchèque et américaine, a scénarisé la série Zero en indépendant, mais aussi Secret Avengers chez Marvel. Tradd Moore est connu pour les comics Luther Strode, mais aussi All-New Ghost Rider, Silver Surfer : Black et Doctor Strange : Fall Sunrise.
The New World est une œuvre plus ancienne des auteurs, mais elle sonne terriblement contemporaine au vu des thèmes abordés et de la force des rebondissements et des personnages. Cela intègre pleinement les thématiques du catalogue de HiGraphics, qui livre une nouvelle édition de qualité pour épouser pleinement les éléments puissants et bondissants de l'ensemble.

Mais de quoi parle The New World ?
Nous sommes plusieurs années après une guerre civile qui a emporté les Etats-Unis d'Amérique, suite à l'explosion mystérieuse de dispositifs nucléaires autour de cinq grandes métropoles le 15 avril 2037. Le pays s'enfonce dans le chaos, des Nations étrangères en profitent, et les ruines restent fumantes. Seule la Nouvelle-Californie émerge et s'organise, en créant une frontière pour se protéger... et empêcher ses citoyens de sortir.
Au présent de ce futur lourd et intense, nous découvrons Stella Maris, policière super-star d'une émission de téléréalité où le spectateur suit ses interventions et vote pour épargner ou supprimer les interpellés. Mais Stella, petite-fille du Président Hérode, est une rebelle dans le système, et refuse la mise à mort, ce qui la place seconde au classement général. Elle est conseillée par Jim, dans son oreille, mais son existence entre en collision avec celle de Kirby Shakaku Miyazaki. Un jeune hacker straight edge, vegan et anarchiste, qui vient perturber les transmissions et le système établi.
Tous deux vont se croiser, s'attirer, se découvrir, et finalement former des choix qui vont révéler de terribles vérités sur leurs mondes, et leurs figures de tutelle. Le père de Kirby, ancien soldat blasé, va confirmer l'amour maladroit mais sincère qu'il a pour son fils, alors que le Président Hérode révélera une posture d'autorité brutale et de sombres secrets. Stella et Kirby iront au bout d'eux-mêmes, et de ce qu'ils veulent pour eux et leur monde...

On le comprend, The New World épouse pleinement les thèmes de révolte sociale, de rébellion de la jeunesse et d'ouverture à la diversité chers à Ales Kot.
Le scénario est une gigantesque course en avant, qui démarre dès la première page et s'achève lors du final d'un cinquième épisode, extrêmement fort et prenant dans la gestion des émotions des personnages et d'un lecteur qui peut pleinement être happé par un destin qui interpelle, interroge et laisse rêveur.

En effet, l'oeuvre est puissante et prenant grâce à trois aspects très forts et marquants.
En premier, un scénario qui condamne dès 2018-2019 les abus de la téléréalité, la soif de sang du peuple soumis aux écrans, la révolte d'une jeunesse parfois naïve mais touchante par ses buts purs. L'ensemble est un brûlot politique, avec un Président Hérode qui n'a pas les abus de récents Présidents américains, mais qui incarne pleinement l'establishment oppressant et destructeur, rongé par les secrets et protégé par des salauds qui tuent sans réfléchir.
Ensuite, Ales Kot créé des personnages qui ne surprennent pas en eux-mêmes, mais fonctionnent extrêmement bien dans l'histoire qu'il forme pour eux. Stella et Kirby sont deux belles expressions de la jeunesse, entre la privilégiée blasée mais pleinement intégrée dans le système, et le jeune contestataire qui cependant n'est pas cynique mais bien enthousiaste sur l'avenir. C'est fort, et bien animé, avec des personnages secondaires paternels réussis également.
Enfin, l'histoire fonctionne car le rythme est bien intense. L'on parlait avant de course, non pas une fuite en avant, mais bien un sprint qui ne s'arrête jamais, une projection constante et directe et intense et brutale pour changer les choses. Nos héros opposés de base, mais qui forment une romance contrariée, passent ainsi aisément des Roméo & Juliette aux Bonnie & Clyde quand tout se retourne contre eux.

Un scénario puissant, qui happe à la lecture, avec un monde futuriste qui sonne très proche du nôtre, pour une plus forte identification.
En parallèle, le graphisme prend le parti volontaire, assumé et réussi d'un choc puissant. Tradd Moore est connu pour ses planches surprenantes, troublantes, avec des allures aux formes abusives, avec des compositions étonnantes et les couleurs piquantes et dynamiques d'Heather Moore.
Le dessin donne pleinement le sel de The New World, qui aurait pu être un récit sombre et dur avec un graphisme réaliste, mais qui devient via le style « déviant » de Tradd Moore une folie douce et psychédélique. Il faut aimer, bien sûr, mais cela donne une patte, une marque qui permet d'enrichir encore le scénario et surtout les personnages définis classiquement, et qui gagne une âme et une essence réelle ici.
Un graphisme qui créé une folie douce fort adaptée et réussie !

En bref

The New World est une œuvre qui marque, qui interpelle, qui happe le lecteur. Réalisée par des auteurs en pleine possession de leurs moyens, l'histoire tape fort pour évoquer une romance dans un monde futuriste mais aux allures contemporaines pour critiquer les abus de notre monde. Entre Roméo & Juliette, Bonnie & Clyde mais aussi The Truman Show... une œuvre difficilement classable, au graphisme proche de la folie douce, et à ne pas louper !

7
Positif

Un scénario intense, prenant, très dynamique et fort bien rythmé.

Des personnages de base classiques, mais fort bien animés et représentatifs de la jeunesse.

Un graphisme à apprécier, mais dont la folie douce créé un psychédélisme réjouissant et adapté.

Negatif

Un manque de détails sur ce futur qui frustre quelque peu.

La figure sombre du Président Hérode, fonctionnelle mais à qui il manque quelques révélations.

Le graphisme, certes puissant, mais qu'il faut apprécier.

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