Une ode douce mais un peu sage

Folklore - La Mécanique des rêves, est le premier tome de la série Folklore, portée par Loïc Clément (scénario), Maud Begon (dessin), Grelin (couleurs) et l’univers original d’Anne Montel et Loïc Clément. Ce one-shot jeunesse, ancré dans un monde anthropomorphique médiéval-fantastique, suit la quête initiatique de Gayatri, une jeune panthère en quête de sa propre voie.

L’histoire : une quête d’émancipation

Dans la ville de Jaipura, terre des panthères, Gayatri, fille unique d’une famille noble, est destinée à succéder à son père à la tête de l’empire familial. Mais son cœur bat pour la mécanique : elle passe ses journées à réparer une horloge ancestrale, préférant les engrenages aux dorures. Lorsque la clé magique de son FolkLore apparaît, signe d’un rite de passage vers l’âge adulte, elle conclut un marché avec son père : prouver ses talents de réparatrice pour gagner sa liberté. À Babel, capitale cosmopolite, Gayatri devient l’apprentie de Piccolo, un garagiste bougon mais bienveillant. Entre ses origines privilégiées et les défis du métier, elle devra surmonter ses doutes et les préjugés pour tracer son propre chemin.

Mon avis : une ode douce mais un peu sage

Folklore - La Mécanique des rêves est une belle entrée en matière pour cette série, avec une histoire touchante sur l’émancipation et la quête de soi. Loïc Clément excelle dans l’écriture de personnages nuancés : Gayatri, avec sa détermination et sa maladresse face au monde ouvrier, est attachante, et Piccolo, le mentor grognon, apporte une touche d’humour bienvenue. Le thème de la réparation, métaphore des liens et de la mémoire, est joliment exploré, offrant une réflexion accessible sur le refus des destins imposés et les barrières sociales.

Cependant, si j’ai apprécié cette BD, elle ne m’a pas autant captivé que Le Renard de Roman. Le ton, plus introspectif et posé, manque parfois de dynamisme, et l’humour, porté surtout par les personnages secondaires, est moins percutant que dans le second tome. Gayatri, bien que sympathique, m’a semblé moins attachante qu’Ascelin, le héros espiègle du tome suivant, et sa quête, centrée sur sa vocation, m’a paru un peu convenue par moments. Comparé à Le Renard de Roman, qui mise sur une énergie plus vive et une exploration des liens familiaux, ce premier opus reste un peu trop sage, avec une résolution prévisible.

Visuellement, le travail de Maud Begon est un atout majeur. Son trait délicat, aux influences mangas, donne vie à un bestiaire expressif, et les couleurs de Grelin, chaudes et nuancées, enveloppent Babel d’une aura magique. Les décors mécaniques, avec leurs rouages et leurs ateliers, sont un régal pour les yeux, même si certains fonds peuvent sembler épurés. Face à d’autres œuvres du duo Clément/Montel, comme Le Temps des Mitaines, ce tome brille par sa douceur mais manque un peu de l’audace narrative qui fait le sel de leurs meilleurs projets.

En bref

Folklore - La Mécanique des rêves est une BD jeunesse charmante, portée par un message universel sur la liberté de choisir sa voie et un visuel enchanteur. Si j’ai aimé suivre Gayatri et son apprentissage, j’ai trouvé cet album moins vibrant que Le Renard de Roman, qui m’a davantage séduit par son humour et son énergie. Un bon départ pour la série, parfait pour les jeunes lecteurs et les amateurs de contes initiatiques, mais il reste en deçà de son successeur.