De l’enfer au paradis

Peut-être avez-vous entendu réciter ou réciter vous-même le crédo, qui contient cette phrase sibylline : Jésus « est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts ». Nous ne savons à peu près rien de cette descente aux enfers dans les évangiles canoniques du Nouveau Testament. Pourtant, cette descente aux enfers est incluse dans ce que l’on connaît aujourd’hui comme « l’évangile de Nicodème » mais dont le texte original, datant de 140 après Jésus-Christ environ, a eu son heure de gloire, était lu et figurait dans les bibliothèques religieuses, nous dit l’auteur dans son avant-propos. Il a donc décidé d’adapter ce texte assez fantastique il faut le dire, en BD.

Le récit démarre par la crucifixion, corps noir balayé par des torrents de pluie, qui hachent les cases aux couleurs sombres. Puis une fois la mort venue, Nicodème récupère le corps et l’enterre dans un tombeau de sa propriété. Le mort se réveille dans la solitude du tombeau et voit sa vie en flashback au dessin de gravure en deux tons, beige et vieux rose, comme de vieilles photos exposées au soleil. Puis, partant de l’intérieur de son tombeau, Jésus entreprend une descente aux enfers.

Le dessin plonge le lecteur dans un monde souterrain fantastique, en commençant par la gardienne des enfers derrière sa porte d’airain. Il rencontre au cours de son périple des figures marquantes des récits bibliques, depuis Jean le Baptiste jusqu’aux patriarches de l’Ancien testament, de David à Abraham, de Noé à Adam et Eve. Il dialogue aussi avec Satan autour d’épisodes des évangiles, les tentations de Jésus au désert, la résurrection de Lazare et l’impact de celle-ci sur les morts et les vivants. La mise en couleur suit ces étapes du fin fond des enfers rougeoyant ou sombres, jusqu’à l’azur infini de la vie éternelle.

Un voyage étrange et prenant suivant Jésus de l’enfer au paradis, dans un dialogue érudit et caustique avec Satan.