Lutter pour renverser les codes

Dernier manga en date de Nonono Yamada, nous retrouvons dans Rhetoric son goût pour les histoires âpres et les personnages aux destinées heurtées, dans une sorte d'omegaverse auquel je ne suis pas habituée mais qui questionne. 

En effet, Nonono Yamada a imaginé ici une société où chacun a un genre sexuel secondaire : Dom, pour les dominants et Sub, pour les soumis. Or, la ségrégation règne pour ses derniers. Et notre héros, Mikado, qui a toujours cru être un Dom, car il est l'héritier d'une zaibatsu, est en fait un Sub. Pas simple pour lui d'accepter cela. 

C'est toute la question de la domination au sein de la société japonaise qui est questionnée et remise en question ici, à travers le parcours du jeune Mikado, riche héritier qui doit apprendre qu'on peut être puissant, fort, intelligent, mais bon, doux et à l'écoute des gens. La domination ne passe pas que par la force brute. L'écoute et l'entraide sont nécessaire pour trouver un équilibre. Voici le fond de notre histoire.

Mais pour nous la raconter, l'autrice met en scène une relation qui m'a gênée. Je ne suis pas à l'aise avec ce concept de Dominant/Soumis, encore moins sous les traits qu'elle imagine et dans les situations qu'elle met en scène. Je n'ai pas aimé suivre l'un de ses camarades de classe, cliché du harcelé, cacher qu'il était un Dom très puissant, ce qui fait qu'il lui donne des ordres pour obtenir ses faveurs. Je n'ai pas aimé cette relation où on force le Sub, ici Mikado, mais où il finit par découvrir qu'il aime ça. Ça rappelle trop ce discours sur les femmes qu'on maltraite mais qui finissent pas aimer ça comme si c'était normal. Je n'approuve pas, ça me met très mal à l'aise.

Alors le récit du parcours de Mikado fut puissant, souvent malaisant, vraiment percutant, avec des pages rudes, aussi bien au début quand il lutte contre qui il est, puis ensuite quand on lui impose une thérapie médicamenteuse, qui nous rappelle des choses terribles qui se produisent encore de nos jours. C'est dur à lire, dur à voir, dur de se dire que c'est une métaphore de notre monde, mais important et nécessaire.