Un conte noir au cœur de la guerre de Cent Ans
1. Une fresque médiévale teintée de sang et d’espoir
Plongez en 1427, en pleine guerre de Cent Ans, où la France est un champ de ruines. Entre les Anglais qui occupent la moitié du pays, les pillards qui sèment la terreur et une famine qui broie les âmes, le décor est apocalyptique. Au milieu de ce chaos, un monstre surnommé « l’Ogre » écume les campagnes, un tueur d’enfants à l’appétit sanguinaire, une ombre borgne qui arrache cœurs et langues à ses victimes. Face à lui, Guillaume de Blamont, mandaté par Charles VII, traque cette bête humaine dans un royaume à feu et à sang. Mais l’histoire ne s’arrête pas à cette chasse. Elle tisse un récit complexe où se croisent des figures historiques comme Jeanne d’Arc, dont l’apparition promet de bouleverser le destin de l’Ogre et du royaume. Entre complots politiques, chevauchées brutales et l’émergence d’une héroïne légendaire, L’Ogre pose les bases d’une épopée où la sauvagerie rencontre la rédemption.
2. Un dessin qui claque, un scénario qui happe
Le dessin : Juan Luis Landa signe un travail visuel qui en met plein les yeux. Son style réaliste, fluide et détaillé donne vie à cet univers médiéval crépusculaire. Les villages ravagés, les combats féroces et les paysages désolés sont rendus avec une précision qui immerge instantanément. Les planches pleine page, notamment celles des affrontements ou des poursuites, sont de véritables claques graphiques, avec des couleurs riches et des compositions dynamiques. Le design de l’Ogre, avec son œil unique et son allure monstrueuse, est à la fois terrifiant et fascinant, tandis que Jeanne d’Arc dégage une aura de fragilité et de détermination. La couverture toilée, avec son panorama épique, annonce déjà la grandeur de l’œuvre.
Le scénario : Jean Dufaux, maître conteur, livre un scénario dense et captivant. Ce que j’ai particulièrement aimé, c’est sa capacité à mêler la grande Histoire à une fiction brutale et intime. L’Ogre n’est pas qu’un monstre : il est une allégorie de la guerre, un reflet des horreurs d’une époque où la violence est partout. Dufaux s’inspire de Victor Hugo pour donner à ce personnage une profondeur inattendue, une âme brisée sous une carapace de sauvagerie. La rencontre avec Jeanne d’Arc, pivot du récit, est un moment fort : elle apporte une lueur d’espoir et de rédemption dans un monde où tout semble perdu. Les intrigues secondaires, comme les tensions autour de Guillaume de Blamont et sa fiancée, ajoutent une touche de complexité sans noyer le lecteur. Dufaux jongle avec brio entre suspense, faits historiques et émotion, rendant chaque page addictive.
3. Mon verdict : un départ prometteur pour une saga épique
L’Ogre est une réussite qui pose des bases solides pour un diptyque qu’on j’ai hâte de voir se conclure. Le mélange de thriller médiéval, de fresque historique et de drame psychologique fonctionne à merveille. Si le récit peut parfois sembler dense avec ses multiples ramifications, il reste accessible grâce à la clarté du dessin et à la tension narrative. On sent que Dufaux et Landa ont encore des surprises à nous offrir, notamment avec l’évolution de l’Ogre et l’impact de Jeanne d’Arc. Ce premier tome est un voyage sombre et captivant, servi par une édition soignée (mention spéciale au dossier historique en fin d’album, qui éclaire sans alourdir). Un bémol ? Certains personnages secondaires mériteraient peut-être plus de développement pour qu’on s’y attache pleinement, mais ce n’est qu’un détail face à l’ampleur de l’œuvre.
En bref
L’Ogre est un conte noir qui mêle sauvagerie et rédemption dans une France déchirée par la guerre. Avec un dessin somptueux et un scénario riche, ce premier tome promet une saga épique à ne pas manquer pour les amateurs d’Histoire et d’émotions fortes.








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