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Critique de Une Vie dans les Marges

par darkjuju le sam. 6 déc. 2014

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Critique de l’intégralité de la série Le Gekiga a été créé par des jeunes auteurs dans les années 60. Ils ont voulu inventer un nouveau mouvement, plus adulte et sérieux, différent du style enfantin de Tezuka. Yoshiko Tatsumi raconte son histoire à travers un avatar, Hiroshi. Dans la région d’Osaka, à la fin des années 40, le jeune Hiroshi, passionné de manga (surtout ceux de Tezuka), en dessine par loisir. Il se laisse prêter au jeu en répondant à des concours, qu’il gagnera régulièrement. C’est un garçon simple sans grande ambition, mais de fil en aiguille, il reprendra la voie de celui qu’il admire. Il consacrera sa vie aux mangas, et créera avec l’aide d’autres auteurs un nouveau style : le Gekiga. « Une vie dans les marges » est une autobiographie qui débute après la Seconde Guerre mondiale. Le Japon est en reconstruction, et nous sommes plongés dans les prémices du manga. À cette époque celui-ci se limite généralement à des histoires humoristiques en quatre cases. Les mangas se trouvaient surtout dans les librairies de prêt, et ciblaient essentiellement les enfants. Hiroshi se fait remarquer par un éditeur, exclusif à ces librairies, et sera embauché avec d’autres jeunes auteurs. Il découvrira l’ambiance de cette époque, où il sera confronté à des difficultés pour réaliser ses oeuvres, et, aux besoins de se renouveler en permanence, de trouver des idées et de les imposer. Il travaillera dans des situations précaires, en essayant de vivre de son art. Puis, subira le long déclin de son employeur et des librairies de prêt. Cette situation nous fait réaliser, la dure réalité de passer d’auteur amateur à professionnel, les doutes sur l’avenir, ou le chemin à prendre. Hiroshi découvrira la culpabilité de partir vers des grands éditeurs à Tokyo, tout en abandonnant les personnes qui l’ont lancé dans le métier. Takao Saïto et Masahiko Matsumoto sont les deux autres piliers fondateurs du Gekiga. Matsumoto a pu raconter sa vision de l’histoire dans « Gekiga Fanatics », et c’est un plaisir de pouvoir la comparer avec celle de Tatsumi. Racontée de façon plus calme que son homologue, « Une vie dans les marges » est une histoire continue, découpée en chapitres. L’auteur maitrise son rythme, et la fluidité de lecture est surprenante et fascinante. Il n’oublie pas d’expliquer rapidement l’histoire des oeuvres qu’il a produit, et met régulièrement quelques planches pour découvrir le style de l’époque. Très documenté, il rappelle régulièrement les événements majeurs du pays, et raconte la vie difficile des petits éditeurs. Le manga peut être considéré comme un récit historique romancé, avec une vision détachée des événements. À noter que l’oeuvre aura mis 12 ans pour être finalisée ! Le dessin est clair et très précis. Il ne fait pas vintage, mais ne rentre pas non plus dans les standards actuels. Très expressif, l’auteur retranscrit très bien les moments de joies ou de doutes de son avatar. La mise en scène est soignée, digne de son expérience. Cornélius édite les deux tomes de cette série. L’édition est exemplaire, très grand format, couverture cartonnée, jaquette amovible, deux marques pages rubans, et papier blanc. Deux pré-faces et un lexique sont présents. L’éditeur a eu la bonne idée de mettre un descriptif de carrière des nombreux Mangakas nommés dans le récit, mais n’a pas indiqué quand s’y référer, et il n’y a pas d’ordre précis, ce qui rend son utilisation difficile. L’ouvrage se conclut sur deux pages intéressantes : la définition du Gekiga par plusieurs auteurs. « Une vie dans les marges » est une oeuvre superbe, touchante, et intéressante sur le plan historique du manga. Connaitre les origines d’un art est toujours passionnant, et permet de mieux comprendre sa conception et son évolution. Un indispensable.

En bref

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