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Critique de The Ancient Magus Bride

par _Andrea le dim. 31 janv. 2016

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Je voulais commencer ainsi : "Bonjour, je vais vous présenter un manga qui ne parle pas de magical girl, c'est tellement plus que ça. " Même si oui, il est bien question d’une jeune fille : Chise (prononcez Chisé), c’est son nom, a 15 ans. Et si oui, il est bien question de magie/sorcellerie. Encore de la magie, me direz-vous ? Oui, encore ^^ Mais pas n'importe laquelle ! Que la Mahou force vous attire ou pas comme un aimant, que vous pensiez ou pas avoir tout lu sur la magie : rassurez-vous tous. Vous risquez d’être surpris. Et vous qui comprenez l’anglais, l’édition française ayant choisi le titrage en langue de Shakespeare , même si un frisson d’horreur est en train de descendre tel un fluide glacial le long de votre échine à l’instant où votre cerveau aura apparié "Ancient" et "Bride" au synopsis.. Ne vous inquiétez pas, il ne faut là encore surtout pas passer votre chemin. "La fiancée du vieux mage ? Oh fichtre ! La fiancée du mage ancien ? " Hum… Shakespeare, c’est le bien en fait, n'est-il pas ? Allez, j’abrège. Revenons au synopsis, justement. "Chise Hatori a quinze ans. Elle n’a ni famille, ni talent particulier, ni aucun espoir dans la vie. Un jour, elle est vendue à un sorcier, un non-humain dont l’existence remonte à la nuit des temps… Il la prend sous son aile pour faire d’elle sa disciple et lui annonce qu’à terme, elle deviendra son épouse. Alors, les aiguilles qui semblaient à tout jamais figées dans son cœur se mettent à tourner de nouveau, petit à petit…" " Oh mon dieu, elle est vendue telle une esclave à un sorcier non humain dont l’existence se perd dans le décompte des siècles ! " Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer. Enfin, presque. " Mais comment ça, vu que ce sage millénaire est un monstre ?! " On nous avait prévenu, il n’est pas humain. Et le plus troublant, c’est que cette tête d’os finira par avoir son charme. Regardez mieux les couvertures. Savourez les petits détails intéressants qui s’y trouvent, ainsi que les teintes magnifiques. La magie opérera avec chaque volume de cette série, dont les pages couleurs elles aussi sont sublimes, car TAMB c’est d’abord du bel art. Et pour le coup, l’édition Komikku, en plus d’assurer une parution française limite inespérée par sa rapidité, a fait du beau travail. Lors de la promotion de Mahou tsukai no yome, Komikku annonçait d’ailleurs un simple et efficace «Le manga qui a ensorcelé le Japon » En voilà une phrase pleine de promesses ! Oui, mais concrètement ? Comment fait-on, nous, pour passer le potentiel trouble généré par le pitch et les croire sur parole ? Déjà, il est bon de rappeler ici que ce manga a été nominé au Manga Taisho 2015. Ensuite, TAMB (oui, voilà, j’aime les acronymes) était en outre cette année numéro 1 (sur 15) au Zenkoku Shotenin ga Eranda Osusume Comic , le classement annuel des manga recommandés par les libraires, au Japon. Si les professionnels le recommandent ainsi, c‘est qu’ils lui trouvent des qualités narratives et graphiques indéniables. Mais au point d’être ensorcelés par ce manga ? C’est la question à 5 millions de livres. Et sa réponse est un grand OUI. On dit que ce qui est rare est cher. Et Chise est ainsi caractérisée d’entrée de jeu comme une rareté. « Une véritable bénédiction pour un magicien » , une Slay Vega, dont l’étendue des pouvoir sont à découvrir tout au long de l’histoire. Chise, pour l’heure, vous la rencontrerez d’abord comme une jeune japonaise qui voit depuis sa prime enfance des choses que personne ne voit. Et comme de bien entendu, cette faculté de perception du surnaturel l’a faite passer pour une enfant dérangée, et de dérangée à dérangeante pour sa famille. Au point d’être mise en vente. Triste enfance, grand pouvoir… : il ne manquait plus qu’un élément déclencheur, un vrai tournant à sa vie. « Félicitations ! Te voilà l’élève d’un sorcier » Un sorcier qui veut faire de toi ta disciple et son…épouse. You don’t say ? De quoi rentabiliser la somme dépensée ? Chise n’aime plus la vie, elle ne s’aime plus non plus. Elle voulait juste un foyer, qu’on l’attende quelque part. La voilà sortie d’une vie de peine pour rentrer dans une autre ? Ou alors sera-t-elle arrivée via une haie de ronce dans ce qui pourrait ressembler à une destinée. Comme dans les contes ? Son mentor étant un être sulfureux et énigmatique, on se demande bien vite comment après lui avoir offert un foyer il va s’y prendre pour donner un vrai sens à son existence. C’est là que le manga devient ensorceleur. L’évolution de la relation entre Elias et Chise ne tombera jamais dans le graveleux ou le malsain, bien au contraire, elle sera délicatement troublante certes, mais avec une classe indéniable et pour tout dire magnifique. Notre jeune recrue va découvrir rapidement qu’Elias n’est pas le seul à lui porter un intérêt appuyé. Elle apprendra aussi qu’un grand pouvoir implique une grande responsabilité, comme elle apprendra la différence entre mages et sorciers. Mais ce qu’elle apprendra par dessus tout, c’est à se respecter elle-même. Graphiquement très raffiné, le trait de Koré Yamazaki sait parfaitement restituer l’expressivité d’un regard, d’un visage…Tout est dans le sens du détail. Même cette tête d’os d’Elias parvient à être expressif. Les multiples créatures qui jalonnent déjà ces quelques pages d’introduction : ondines, lutins, loups-garous, animaux fabuleux, fées…ne constituent qu’un aperçu de l’univers incroyablement riche qui attend le lecteur. Si je prononce le mot dragon, vous sautez les bras en l’air ? Allez soyez sympa ! Mais passons. Un peu comme Alice qui serait passée de l’autre côté du miroir, Chise va découvrir « ce monde mystérieux qui coexiste tout à côté du notre » et qui fera la part belle aux mythes, aux légendes, au merveilleux. Et nous emporter avec elle dans des cadres d’une rare beauté.Tout le génie de Kore Yamazaki va résider dans sa façon de revisiter notre patrimoine fantastique et dans faire un conte onirique original et fascinant. De rencontre en rencontre, de mission en mission, l’apprentissage de Chise nous immerge dans une atmosphère à nulle autre pareille, pleine de profondeur et de gravité, mais aussi de moments de gaieté. Et grâce à la narration en point de vue interne, nous en profitons au mieux. Les rebondissements ne sont pas rares, alors même si l’action n’est pas celle d’un nekketsu, ce shônen (prépublié dans le Comic Blade) propose néanmoins une belle story line qu’il serait dommage de ne pas découvrir, ne serait-ce que parce qu’elle est parfaitement maîtrisée. Intemporelle en dépit des repères contemporains du cadre de l’action, cette histoire a finalement les atours multiséculaires de la sagesse du monde. Rien que ça. Ce manga n'inspire pas seulement des mots, non, mais des couleurs, des odeurs, des sons, des sensations. Et des souvenirs. Une savoureuse alchimie.. Kore Yamazaki vous lance un sort issu d’une magie puissante et ancienne : le talent.

En bref

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