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Critique de Mononoke

par _Andrea le mer. 24 févr. 2016

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Masterpiece ! J'ai envie de vous recommander au préalable les trois épisodes présentant le personnage de l'Apothicaire, dans Ayakashi : Japanese classic Horror. Cet arc (Bakeneko) réussit en principe à captiver suffisamment pour donner envie de plus et il peut s'avérer très profitable pour savourer pleinement le dernier arc de Mononoke. Le premier point fort de cette série hors norme qu'est Mononoke est peut-être le personnage de l'Apothicaire, qui est fascinant. Il est d'autant plus magnétique que dans cet univers qui n'hésite pas à dépeindre toute la laideur de l'homme, il tranche physiquement par sa beauté surnaturelle (qui devient divine sous sa forme libérée) et mentalement par son intégrité quasi clinique. Même sa prosodie est particulièrement marquante (quel travail de la part du doubleur ! ). D'un point de vue esthétique, j'ai été charmée par le style, et c'est donc le deuxième point fort. Les décors et les couleurs (en aplat) sont magnifiques, l'ensemble formel a vraiment beaucoup de cachet (et je garderai en mémoire quelques scènes, comme celle des parapluies qui tournoient, mais aussi des scènes plus psychédéliques, saturées de formes et de couleurs). Les plans, les cadrages, les rythmes, les étampes qui "vivent", les bruitages, les génériques, tout participe à une immersion totale dans un spectacle vivant. On a même un dispositif scénique qui rappelle le théâtre Kabuki et des intermèdes marqués par des portes qui se ferment avec un claquement sec. J'ai envie de souligner également l'ingéniosité stylistique de l'arc Bakeneko "moderne" car il n'était pas évident de négocier ce saut dans une époque plus technique, plus normative. J'ai fortement apprécié la réalisation, car elle s'y entend vraiment pour créer une ambiance incomparable, limite hypnotisante (dans le visuel comme dans les sonorités) et du coup je pense pouvoir dire que c'est le genre d'oeuvre qui peut marquer pour la vie. Le dernier gros point fort était pour moi l'exploration de la psychologie humaine. Après la Forme et la Vérité, voici donc la Raison. L'exploration de l'inconscient est une démarche pour laquelle je suis friande. Cette série est proche à la fois du surréalisme, à la fois de la psychanalyse. Cette profondeur de propos est servie par des effets stylistiques intelligents, c'est un perfect win. Névroses en tous genre, perversion et psychoses, tout y est passé. Et tout ça sur fond de folklore japonais mettant en scène des yokai qu'il faut exorciser avec une démarche qui me rappelle un peu l'éveil bouddhiste. Chapeau, c'est culturellement inspiré : orientalisant mais terriblement universel. On cependant ne pas apprécier le style, et cela ne peut pas vraiment se discuter. Ou le découpage qui se répète : un arc = un yokai, pas d'intrigue globale, mais le même schéma à chaque fois, plus saut de Edo aux années 20 (mais je vous assure qu'il se justifie). Mais l'avantage est que chacun peut avoir tout de même son arc favori. Ou alors on peut ne pas "accrocher" au personnage de l'Apothicaire ? Il est vrai qu'il n'a pas de dimension de personnage "humanisé" à proprement parler, il est sur un niveau symbolique et on ne sait rien de rien de lui (contrairement à Ginko dans Mushi-shi, par exemple). Il est toutefois bien plus qu'un chasseur surnaturel de surnaturel. Il exerce une sorte de maïeutique de ce qui se tapit dans l'âme et il est ainsi bien plus qu'un chasseur de yokaï. En conclusion, je pense que même si ne serions pas tous emballés de la même manière par la série Mononoke, nous pourrions tous être d'accord sur le fait que cette série présente avec beaucoup de maîtrise et une personnalité atypique ce que les maux de l'humain ont d'universel. Et aux grands maux, les grands remèdes.

En bref

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