Flame of Recca - bien avant Mär

Bien avant Mär, Nobuyuki Anzai nous avait conté les aventures de Recca Hanabishi pendant les 33 volumes que compte cette série.

Le jeune Recca voue une passion sans borne aux ninjas. Il se déclare d’ailleurs lui-même en être un et ne cherche qu’une chose : trouver celle qui deviendra la princesse qu’il se jurera de protéger au péril de sa vie. Mais Recca a également un secret : il est capable de générer spontanément des flammes… Son destin sera très vite lié à celui de Yanagi Sagoshita, sa « princesse », qui possède elle aussi un don particulier : le pouvoir de guérison. D’un naturel bagarreur, il possède dans son entourage proche deux « amis » dont le seul objectif est de le vaincre : son amie d’enfance Fuko Kirisawa et un camarade de classe amoureux de Fuko et jaloux de Recca, Domon Ishijima. Les circonstances amèneront progressivement trois autres personnes à se joindre à ce trio pour former le « line-up » final : Mika Mikigami, Kaoru Koganei et Kagero.

L’histoire de Flame of Recca peut être divisée en 4 arcs bien distincts : la résidence de Kurei, le tournoi des tueurs, la terre scellée et Sodom. A chaque fois, l’enjeu est peu ou proue le même : Yanagi et son pouvoir de guérison. Dans le premier arc, c’est Kurei, fils de Koran Mori, qui kidnappe la jeune fille sur les ordres de son père. Dans le second arc, le tournoi des tueurs est organisé par Koran Mori lui-même et Yanagi est alors mise en jeu dans ce tournoi. L’épisode de la terre scellée est lui concentré sur la recherche d’une arme magique absolue, Tendo Jigoku. C’est afin d’obtenir l’immortalité que Koran Mori décide alors de fusionner avec cette arme et avec Yanagi (pour son pouvoir de guérison) dans la quatrième et dernière partie de la série.

Comme tout shônen d’aventures qui se respecte, Flame of Recca a un type de pouvoir propre qui sera utilisé tout au long de la série. Ces pouvoirs ont pour origine les ninjas Hokage, peuple auquel appartenaient Kurei et Recca avant d’être envoyés à notre époque (par Kagero, qui aura alors pour malédiction l’immortalité). Ces armes ninjas magiques permettent de contrôler les éléments et sont le fait de 2 personnages : l’un avait pour but de faire des armes permettant de sauver les gens, l’autre permettant de les détruire. Outre ces armes magiques, Recca possède en lui le sang de l’héritier des Hokage (Kurei, en tant que demi-frère de Recca, possède également le pouvoir des flammes). Sa puissance dépend alors de la façon dont il pourra se servir des 8 dragons de feu habitant en lui, chacun ayant un pouvoir bien particulier. Il devra alors les apprivoiser un à un, notamment lors du tournoi des tueurs. C’est d’ailleurs là le principal point fort de Flame of Recca. En effet, aucun « level-up » intempestif n’apparait dans le titre, Recca devenant plus fort à chaque fois qu’il réussit à maitriser un nouveau dragon ou à les utiliser de manière simultanée. C’est ainsi que le dernier dragon n’est révélé que lors du dernier volume…

Mais l’histoire de Flame of Recca, outre la folie de Koran Mori, c’est aussi et surtout celle de 2 frères, Kurei et Recca. Kurei, l’ainé et fils légitime de Ouka (chef des Holage), et Recca (fils d’Ouka et de sa maitresse Kagero), ne pouvaient en effet pas vivre tous les deux étant donné qu’un seul maitre des flammes ne nait par génération. L’héritier illégitime sera responsable de l’anéantissement des Hokage. Ayant tenté de tuer le petit Recca, Kurei est alors désigné comme le « mauvais » frère. Mais alors que les Hokage subissent une violente attaque des hommes de Nobunaga Oda, Kagero utilise un sort interdit permettant à Recca de traverser les siècles jusqu’à notre époque. Kurei suivra le même chemin et la rivalité entre les deux frères se poursuivra au 20ème siècle. Mais les évènements les amèneront à faire front devant leur ennemi commun, Koran Mori…

Evidemment, comme dans beaucoup de shônen, Recca et ses amis seront amenés à affronter un grand nombre d’adversaires, et beaucoup d’entre eux deviendront des alliés, soit très rapidement (comme Koganei), soit pour la lutte finale (Aoi notamment). Ayant pour thème principal l’amitié, Flame of Recca réussit même à émouvoir (la fin du tome 32 étant assez bouleversante car totalement inattendue). Mais le titre contient aussi une grosse dose d’humour, en grande partie due à des personnages principaux affreusement bêtes par moment (Recca et Domon en tête). Côté méchants, il y a de tout : de l’impressionnant, du ridicule, du charismatique, du dégénéré total… Bref, une palette de personnage très variée, tout comme les différents pouvoirs conférés par les armes magiques.

Côté dessin, Noboyuki Anzai aura eu le mérite de s’améliorer tout au long du titre. Si le trait peut sembler brouillon par moments, il révèle une grande force dans les scènes les plus gores du titre (et elles sont très nombreuses, bien plus que dans la plupart des shônen du même type). On en vient même progressivement à s’attarder sur la beauté de certaines couvertures ou certaines planches. Un seul défaut demeure jusqu’au terme du titre : comme beaucoup de ses confrères, Nobuyuki Anzai a parfois du mal à diversifier suffisamment les visages de ces personnages. On se retrouve souvent à se demander qui est représenté tellement certains traits sont très proches. Mais le trouble est tout de même vite dissipé.

Shônen très classique dans son fond et son déroulement, Flame of Recca reste néanmoins une lecture captivante du début à la fin. Avec un seul véritable ennemi tout au long du titre et une évolution de la puissance des personnages, notamment Recca, totalement maitrisée et aucunement « artificielle », Nobuyuki Anzai nous livre un shônen d’aventures qui n’a pas grand-chose à envier aux autres productions du genre.