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Critique de L'oiseau bleu

par Saori53 le mer. 27 janv. 2016

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Après Le Chien Gardien d'étoile, Murakami Takashi nous délivre à nouveau un ensemble de deux drames profondément humains pour un nouveau chef d’œuvre instantané. Le thème du livre est la mort. La peur de perdre ses proches, le besoin de reconstruire après un drame comme l'accident de voiture (ici présent dans ce livre) et l'inquiétude face à sa propre mort sont des sujets que l'auteur souhaitait aborder dans son nouveau recueil. Porté par de jolies planches aux couleurs douces et paisibles, le début présente une scène de bonheur d'un couple avec un enfant lors d'un pique-nique. Il s'agit de la famille Higashimoto (la douce Yuki la mère, Naoki le père et leur adorable petit garçon de 5 ans, Shu). Puis, vient la route du retour où les couleurs disparaissent, laissant les pages sombres montrer un terrible drame. A cause d'une tourterelle qui passait par hasard devant leur voiture, Naoki y perds le contrôle, provoquant ainsi une sorti de route. Le choc est brutale : le petit Shu meurt sur le coup et Naoki sombre dans un coma végétatif. Seule Yuki s'en sort indemne avec une blessure à la tête. Sa vie bascule violemment au bout d'un drame qui frappe des familles chaque jour. Arrivera t-elle à se relever malgré ce tragique accident ? Yuki a du mal à réaliser le décès de son enfant. Elle est dans la phase du déni : celui où elle se pose beaucoup de questions sur ce qui s'est passé et surtout sur le fait qu'elle ne prends pas conscience de la perte de son fils et de l'état végétatif de son mari. Pour ce qui est de la mort de son enfant, Yuki se raccroche à ses jouets, n'acceptant pas sa mort. Il lui faudra beaucoup de temps pour l'accepter. La jeune femme veillera sur son mari, qui passe d'hôpitaux en hôpitaux, jusqu'à ce qu'elle le ramène au domicile familiale. Préparer les soins, le laver, le nourrir ... tout ce travail l'épuisera mais elle n'abandonnera pas son mari pour autant. Yuki finira même part exploser en larmes (il s'agit là de la détresse) mais ce reprendra, décidée à sortir son mari du coma. Elle retrouve un objet appartenant à Shu (un clavier sonore pour enfant) et s'en servira pour communiquer avec Naoki. Ce dernier finira par se réveiller mais ne pourra pas bouger. A force d'attendre, celui-ci arrivera à bouger ses doigts et à communiquer avec Yuki grâce au clavier de leur fils. Un nouvel espoir voit le jour pour Yuki, qui fera tout pour retrouver leur bonheur perdu. Yuki nous paraitra profondément humaine malgré la perte de son enfant et de l'état végétatif de Naoki. A l'issue de ce récit mêlant un drame puissant, intelligent, humain, doux et poétique, la perte d'un être cher est évoquée avec talent par un auteur délivrant, au bout du compte, un message d'espoir qui fait mouche. "Ainsi va la vie". Le second récit nous conte le passé du père de Naoki (qu'on retrouvera dans le premier mais celui-ci sera atteint d'une maladie dégénérative) qui travaille dans une aciérie des années 60. Un jour, il garde un enfant de son collègue, Yuta, qu'il apprécie de jour en jour. Seulement, quelque chose de terrible arrive au petit garçon. Hideo (le père de Naoki)ressent tellement de tristesse qu'il se laisse entrainer par la maladie d'Alzheimer, qui s'amplifie au fil du temps. Malgré sa déchéance, sa famille le soutient jusqu'au bout. Sur un total de 210 pages, Murakami nous montre les principaux problèmes de notre société sur le plan humain : la mort qui frappe soudainement ou qui approche inexorablement, le deuil, le souvenir, l'oubli, la vieillesse... des choses qui sont le lot de tout être humain et contre lesquelles on ne peut rien, hormis l'indéfectible soutien des proches, de la famille, et le besoin de trouver la force de se reconstruire. Ainsi va le cycle de la vie, les dernières pages bouclant d'ailleurs la boucle ouverte au début du tome via l'image symbolique de l'oiseau. L'édition de Ki-oon est impeccable. Le grand format de la collection Latitudes se prête totalement au travail de Murakami, les pages en couleur dont partie intégrante de l'ambiance, la qualité d'impression est excellente, la traduction ne comporte aucune fausse note, et la couverture colorée avec son vernis sélectif est du plus bel effet. Il s'agit là d'un livre que je recommande. Un livre que j'ai trouvé très humain et qui m'a permis de comprendre certaines choses de la vie. L'oiseau bleu est une œuvre qui nous raconte ce qui arrive à la famille Higashimoto dès l'accident et qui est pourtant la réalité de la vie : nous ne sommes pas à l'abri de perdre la vie ou nos proches dans de tels accidents. Le bonheur peut nous être arraché en l'espace de quelques secondes. Si je devais mettre une note, ce serais 8/10.

En bref

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