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Critique de Kasane – La Voleuse de visage #1

par Willos le ven. 26 févr. 2016

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J'ai gagné ce tome lors d'un tirage au sort sur ce même site, donc mon je n'avais pas à la base la volonté de lire cette série, je le précise.   De prime abord, le titre et le résumé font presque penser à un récit de tueur en série. Heureusement, ce titre est, pour le moment, moins violent et moins sanglant qu'il ne laisse à penser.   On découvre Kasane à l'école primaire, où les éléments de l'intrigue sont posés. Sa mère, actrice renommé et d'une grande beauté, est décédé lorsqu'elle avait environ 6 ans. Dés lors, elle n'a plus personne vers qui se tourner, son quotidien étant constitué de brimades scolaires. Tous la rejettent pour sa laideur. Elle est insultée, martyrisée, et on remet même en cause son lien avec sa mère, la seule personne qui ait compté pour elle. On nous montre un corps enseignant en retrait face à cette situation.   Le premier chapitre s'installe au moment d'un spectacle de théâtre, plaçant directement ce qui s'annonce être un thème central de cette série. La pièce de Cendrillon est d'ailleurs une mise en abîme explicite de l'histoire. L'héroïne est donc seule contre tous, la situation posée sans alternative, la solution d’extrême recours s'impose d'entrée de jeu, l'utilisation du mystérieux rouge à lèvres laissé par sa mère.   Après le dénouement des deux premiers chapitres, j'ai pensé à Death Note, sur bien des points. La rupture momentanée avec le quotidien, le questionnement sur la moralité, le dialogue avec l'entité surnaturelle, l'artefact mystique, le calcul des conséquences, le secret de l'identité, l'expérimentation des pouvoirs et de leur limite, et là où l'on avait un être se croyant supérieur et voulant épurer le monde, Kasane se croit inférieure et veut se purifier elle-même. Car plus qu'un psychodrame social, c'était pour moi les éléments d'un thriller qui se profilaient. Et la suite m'a conforté cette opinion. On assiste à ce qui ressemble à la naissance d'un « méchant » à la psychologie torturée, découvrant un pouvoir qui va lui permettre d'assouvir sa vengeance. Si je la classe dans la catégorie des « méchants », c'est pour le choix qui va être fait dans les chapitres suivants, en plus de l'esprit de sa mère qui apparaît comme l'expression débridée des pulsions négatives de son subconscient.   On peut comprendre le point de vue du personnage, et se dire que son passé ne l'aide pas à se modérer, mais on peut aussi se dire que c'est un choix fait pour forcer le déroulement de l'histoire ; pour ainsi dire, ça aurait été plus simple si ça avait été plus simple. Si un message d'espoir a été proscrit, la suite n’exclue donc pas la possibilité d'une descente aux enfers, abyssus abyssum invocat. J'espère que ce n'est pas sur cette voie que l'auteure souhaite emmener son personnage.   Les traits du visage de Kasane, visant à montrer sa laideur, m'ont fait penser à un kappa, avec ses grands yeux presque démoniaque, sa grande bouche sinueuse, ses longs cheveux masquant son front et sa mèche au centre du visage qui ne laisse jamais entrevoir son nez, que l'on pourrait imaginer être semblable à un bec. Je reste cependant dubitatif sur la stylisation de la cicatrice, qui comparée aux autres visages lisses et propres, n'avait pas besoin d'être une entaille de pirate zombie. Cette laideur est aussi relativisé par les mangas qui nous ont habitué à ce genre de personnage. Évidemment, l’empathie insuffler au lecteur agrège ce dessin dans le style plus réaliste des autres personnages. Le style reste classique, mais passe partout dans de univers réaliste, le trait reste léger et détaillé. Toutes les cases n'ont pas vocation à être traitées de la même façon, mais l'écart entre certaines est très large, on pourrait croire à deux dessinateurs différents. Son potentiel de qualité est réel, fluctuant sans doute par la nécessité du temps imparti. Si les cases ne sont pas vides, j'ai eu 'impression que le remplissage use et parfois abuse du tramage, dégradé et nuancier sur un même plan, case ou page, comme surchargeant le dessin, diminuant l'impact du contraste ou nuisant au rapport entre les personnages et les décors, vêtements inclus.   Après deux ellipses narratives, on pense que l'évolution s'annonce linéaire jusqu'à la fin grâce à ce qui semble être un compromis à plus ou moins long terme, face à sa situation presque avantageuse de donnant-donnant par rapport à son passé. Un ou deux tomes supplémentaires auraient alors suffi à Kasane pour remonter la pente. Mais à la toute dernière page, je n'ai pu retenir un « oh la p**e !», au dévoilement du détail qui laisse possible la remontée en puissance du pouvoir de « justicier vengeur » offert par le rouge à lèvres. L'auteure clos finalement par une boucle narrative. L'« accident » de Kasane, puis son « expérience », sont en fait une introduction à la psychologie du personnage, à son histoire, son pouvoir, et au potentiel des thématiques que va aborder cette série. Une fois celle-ci adulte, maintes péripéties se profilent, le lecteur incluant désormais, tout comme l'héroïne, la possibilité cruelle de réponse à chaque future situation par ce pouvoir. Ce qui était le dernier recours risque de devenir la solution de facilité.   Les questions qui restent en suspend à la fin de ce volume sont liées aux choix que va faire Kasane, décidant la façon de saisir les opportunités qui s'offrent à elle. Quel est le passé de sa mère, comment va t-elle le découvrir et l’interpréter ? Quelle voie veut-elle suivre et de quelle façon y parvenir ? Quelles sont les possibilités du rouge à lèvres, mais aussi ses conséquences ?   Bien que l'identification au personnage soit retenue face à ses choix imposés par sa propre (il)logique, et le faible nombre de personnages secondaires pour ne pas défocaliser cette première partie centrée sur Kasane, le besoin de réponses peut suffire à poursuivre la lecture, car la trame principale ne sera probablement mise en place que dans le tome 2.

En bref

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