La corruption par l'obscurité... Mère Vertu à consacré son existence aux autres prenant soin des faibles et des plus démunis. De ce fait elle est appréciée de tous et en particulier par les enfants à qui elle n'a jamais fait manquer son amour et sa bienveillance. Mais pourtant sa vie semble incomplète, et un jour alors qu'elle regagne la solitude de son foyer, elle s'autorise une pensée pour elle, le souhait d'avoir à ses côtés un enfant qu'elle ne partagerait avec personne. Cette requête, seule note d'égoïsme dans une vie vertueuse, est "accueillie" et exaucée par l'entité démoniaque Injure. Dès lors elle portera en son sein Honte, fille de cette combinaison très singulière entre lumières et ombres, destinée à subjuguer le sort de ce monde fantastique. L'auteur revisite les contes de fées et ses éternels duels manichéens sans pour autant tombé dans la trivialité. Le bien et le mal sont ici intimement lié par un étrange rapport, tantôt symbiotique, tantôt de rejet, qui grâce à un savant jeu de perspective se représentera de manière cyclique et inattendue tout le long du récit. Mais sans rien enlever au mérite de Kindzierski, et même si sa qualité remarquable d'écriture nous captive, c'est le travail graphique fascinant de John Bolton réalisé à l'aquarelle qui rend cette œuvre indispensable. Il évoque avec un talent indéniable l'érotisme troublant de la magnifique Honte, contribuant à forger sa personnalité, allant jusqu'à la sublimé. Mais il est tout autant impeccable dans la représentation du monde qui l'entoure et des créatures, bonnes ou malfaisantes, qui y vivent. Le tout est mis en valeur parfois par une avalanche de couleur, parfois par des jeux d'ombres évocateurs de l'horreur environnent, créant ainsi une véritable fable adulte à l'atmosphère délicate et éthérée. A lire et admiré absolument !