Avec The Top Secret, on a entre les mains un shôjô policier unique en son genre, mêlant thriller, enquêtes, et SF (avec, comme dans tout bon shôjô, un zeste d'amours impossibles et de relations masculines ambiguës)! Dans ce premier tome, on a affaire à deux enquêtes distinctes. La première se situe aux États-Unis, où le Président vient de mourir mystérieusement, sans qu'aucun indice ne permette d’identifier le meurtrier. Les enquêteurs vont donc utiliser une toute nouvelle technique, l'analyse IRM, qui permet de "voir" les dernières images enregistrées par le cerveau de la victime avant sa mort. Ils vont alors découvrir le secret que gardait jalousement le président... Cette première enquête permet donc de nous présenter le principe du scanner IRM qui va être utilisé tout au long du manga. On découvre aussi le style de l'auteur: une narration fluide qui nous plonge rapidement dans l'intrigue, des héros aux traits fins et des graphismes léchés, qui en quelques cases, et sans un mot, nous font profondément ressentir les émotions des différents protagonistes. Et comme souvent avec Reiko Shimizu, il y a quelque chose de malsain et d'étrange dans les relations entre les personnages, avec des sentiments inconditionnels, dramatiques mais fascinants... Dans la seconde investigation, qui se déroule quelques années plus tard au Japon, il s'agit d'élucider une série de suicides mystérieux. Et c'est le labo n°9 de médecine légale de la police scientifique qui est chargé de l'enquête... On fait ainsi la connaissance du charismatique commissaire principal M.Maki, à travers les yeux d'un nouvel arrivant dans le service: Aoki. A travers la résolution de cette enquête, on découvre aussi le passé tragique de Maki et l'historique de l'enquête IRM au Japon, avec les terribles conséquences qu'elle entraîne, tant d'un point de vue psychologique qu'éthique. Et c'est avec une réelle maîtrise que l'auteur nous dépeint cette histoire bouleversante, et qui préfigure à elle seule de la qualité de la suite! Un mot sur l'édition pour terminer. Le prix un peu plus élevé que la moyenne est justifié par un grand format agrémenté de quelques pages couleurs au début, et surtout par une réelle densité de lecture (entre le nombre de pages et les dialogues abondants), un investissement qui peut aussi être relativisé par la durée réduite de la série (terminée en 12 tomes). Le grand format est doublé d'une belle qualité d'impression qui fait honneur aux dessins, malgré le choix discutable d'une couverture alternative à celle japonaise pour ce tome 1... La traduction quant à elle est fluide, et ce premier volume est par ailleurs agrémenté d'une postface dessinée par la mangaka, qui nous présente la genèse de la série. En résumé, une excellente découverte qui gagne à être partagée, d'autant plus que, les enquêtes étant conclues, ce premier tome peut être lu indépendamment de la suite, si l'on souhaite se faire une idée de la série sans rester sur une note frustrée! Une bonne pioche qui promet un plaisir de lecture renouvelé à chaque prochain tome!